Chez Abdoulaye et Lamine Sarr

Publié le 28 Novembre 2013

Chez Abdoulaye et Lamine Sarr

C'est la semaine dernière que j'entendis parler pour la première fois d'Abdoulaye Sarr, agriculteur Bio à Tambacounda. Romain, mon successeur dans la RNC du Boundou et qui a eu la gentillesse de m'héberger à mon retour, l'avait rencontré à un atelier au Conseil régional de Tamba. QUOI ! Il existe un agriculteur bio à Tambacounda ??? Et qui combat pour l'agriculture biologique depuis des dizaines d'années ??? Comment ai-je fait pour ne jamais avoir entendu parler de lui ??? Bref, j'ai rapidement rattrapé mon retard en allant lui rendre visite à l'improviste sur son terrain près de Gouloumbou, ce mercredi 27 novembre.

Après avoir un peu galéré à trouver un taxi en pleine matinée, j'arrivai à Gouloumbou où Abdoulaye m'attendait avec son vieux véhicule réformé dont la porte passager ne marchait plus. Nous partîmes en direction de son terrain, à quelques kilomètres au nord, au bord du fleuve Gambie. Un vaste terrain de 15ha dont il exploite actuellement une toute petite partie en bananeraie (biologique) et en maraîchage (biologique, mais je pense que ce n'est plus la peine de la préciser maintenant ;-)), avec l'aide de son fils Lamine. Quel hazard également, son terrain se situe tout près du terrain de mon collègue Bocar Sow, que j'avais visité l'année dernière et qui m'avait tant plu...

Le terrain d'Abdoulaye Sarr, au bord du fleuve Gambie, à quelques kilomètres au nord de Gouloumbou

Le terrain d'Abdoulaye Sarr, au bord du fleuve Gambie, à quelques kilomètres au nord de Gouloumbou

Arrivé à sa petite case en banco, comme il était déjà 13h et que le soleil tapait fort, nous passâmes plusieurs heures à discuter agro-écologie, biodynamisme, permaculture, apiculture... mais aussi des grandes personnalités qu'il avait rencontré lors de sa formation à l'école agro-écologique de Beaujeu : Pierre Rhabi, Claude Bourguignon... C'est encore avec passion et humour qu'il décrit les cours de Claude Bourguignon sur les "microbes du sol", ses lectures perplexes de Steiner ou encore ses rencontres avec les élèves "baba-cool gauchistes" de l'école. Mais eu lieu de vous faire un résumé incomplet, je vous laisse lire l'article suivant, où Abdoulaye y décrit son parcours et explique sont projet actuel :

Actuellement, Abdoulaye cultive 3ha de bananiers selon une technique bien connue : le paillage. Alors que les producteurs de bananes conventionnels viennent sauvagement détruire les berges du fleuve, planter les bananiers bien en rang sur d'immenses surfaces, et irriguer à grandes eaux en pompant dans le fleuve, Abdoulaye ne fait rien de tout ça. Pas d'engrais chimiques non plus. Non, Abdoulaye ne fait que pailler le sol et arroser occasionnellement, car la paille retient la rosée du matin et garde l'humidité toute la journée. Alors que le bruit sourd des motopompes résonne déjà dans la vallée du fleuve, le champ d'abdoulaye est suffisamment calme pour profiter du chant des oiseaux.

En plus de son champ, Abdoulaye a aujourd'hui un autre projet : créer une ferme-école en agro-écologie sur ce terrain. En effet, les formations dans le domaine sont rares au Sénégal, et inexistantes dans la région de Tamba. Les jeunes ne sont plus attirés par l'agriculture et les anciens ne transmettent plus leurs savoirs. Pour Abdoulaye, tout n'est qu'une question d'éducation, à l'agriculture et à l'humanisme, des pratiques et des valeurs que l'école classique, les médias et les villes ne permettent plus d'apprehender selon lui.

Après avoir visité son champ, je promis à Abdoulaye de garder le contact, et qui sait, peut-être m'installerai-je suffisamment près de chez lui pour que nous puissions collaborer ?

Les bananiers sont paillés pour limiter les besoins en arrosage

Les bananiers sont paillés pour limiter les besoins en arrosage

Entre les bananiers, des piments et des courges, des plantes qui apprécient l'ombre

Entre les bananiers, des piments et des courges, des plantes qui apprécient l'ombre

Pour son maraîchage, Abdoulaye utilise son propre compost

Pour son maraîchage, Abdoulaye utilise son propre compost

Pas d'arrosage, mais les bananiers donnent toujours !

Pas d'arrosage, mais les bananiers donnent toujours !

Et la cerise sur le gâteau, quelques ruches en banco près des bananiers !

Et la cerise sur le gâteau, quelques ruches en banco près des bananiers !

Rédigé par Claire

Publié dans #Visites et rencontres

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