Comment amorcer des barrettes pour Warré et Kenyane : 1ere méthode

Publié le 22 Décembre 2014

Comment amorcer des barrettes pour Warré et Kenyane : 1ere méthode

Mise à jour du 23 mars 2016 : lien vers la 2e méthode ici

 

Allez, à 2 jours de Noël, je me lance dans mon premier tuto qui va passionner les foules : "Comment faires des amorces pour les barrettes de Warré et Kenyane". Pour ceux qui n'auraient pas compris les 90% des mots de la phrase précédente, je m'explique, ne vous inquiétez pas. Pour les initiés, passez directement à la pratique ;-)

Donc, petite mise au point pour les débutants. Dans mes ruches Warré et Kenyanes, j'utilise des petits supports appelés "barrettes", sur lesquels les abeilles s'accrocheront pour construire leurs rayons de cire (de haut en bas, je précise car j'ai déjà eu la question !). Cependant, l'abeille est joueuse et ne respecte pas toujours l'alignement des barrettes plates... de sorte que la plupart du temps, on retrouve des rayons construits dans tous les sens. Il est donc impossible de sortir les rayons (pour surveiller la colonie ou pour récolter) sans casser l'intégralité de la structure. Pour éviter ce problème, on colle classiquement une petite bandelette de cire sur la barrette, nommée "amorce", qui guideront les abeilles et les forceront à rester bien droites sur la barrette. Cette amorce a aussi l'avantage de créer un lien plus fort à la barrette et de solidifier le futur rayon... un point très important dans mon pays chaud, où la chute des rayons est fréquente !

Se pose ensuite la question de la fabrication de ces amorces... car il existe à peu près autant de façon de les faire que d'apiculteurs ! Tout dépend de la forme des barrettes, de la cire disponible localement, de l'inspiration de l'apiculteur, de son perfectionnisme... et surtout du temps que ce dernier est prêt à consacrer à cette activité. Ceux qui me connaissent me classeront immédiatement dans la catégorie de ceux vont passer 3 plombes à travailler sur le sujet... et ils n'ont pas tord. Mais quand on habite au Sénégal, que la notion de "gain de temps" est de la science-fiction, qu'on a de nombreuses heures chaudes à tuer et qu'on n'est pas fan de crochet... on n'est pas aux pièces ! J'avoue prendre un grand plaisir à confectionner mes petites amorces, et j'ai à ce jeu-là autant de patience qu'il m'a fallu en avoir pour réaliser mon puzzle de 10 000 pièces de la tour de Babel. Je conseille donc aux amateurs du travail "taf taf" (comme on dit ici, je trouve l'expression assez éloquente) d'arrêter tout de suite la lecture de cet article sous peine de choc anaphylactique. Désolé, cet article comporte vraiment de nombreux dangers !

Une amorce de cire "fait-maison" sur sa barrette.

Une amorce de cire "fait-maison" sur sa barrette.

Les conditions et choix de départ :

  • Je dispose de barrettes Warré (amorce de 20cm) et Kenyanes (amorce de 30cm), possédant d'une rainure au centre, de 4 mm de profondeur.
  • Je ne dispose pas de cire gaufrée localement, et trouve d'ailleurs inutile d'y avoir recours. Je préfère partir de cire locale, idéalement récupérées des précédentes récoltes.
  • Pour une solidité maximale des rayons (surtout ceux des kenyanes, qui sont très lourds), j'ai choisi de faire des amorces assez épaisses (2 à 3 mm).
  • Pour la hauteur des amorces, j'ai choisi 9 mm (4 mm dans la rainure et 5 mm qui dépassent) selon les conseils lus sur cet extrait du livre "L'apiculture écologique de A à Z". Il semblerait que les abeilles préfèrent une amorce courte et rognent les amorces plus longues pour les façonner à leur manière. Un gâchis de cire pour nous et de temps pour les abeilles... nous verrons bien !
Comment amorcer des barrettes pour Warré et Kenyane : 1ere méthode

Le matériel :

  • Une planche à amorces : on la réalise facilement soi-même, avec une planche de contreplaqué découpée aux dimensions souhaitées (un vieux couvre-cadre par exemple), et des petits tasseaux en bois local collés. Le bois n'est pas traité (ni vernis ni huile, c'est très important !). Pour ma part, j'ai tracé des petites rainures à la scie à métaux pour marquer la découpe à intervalle régulier de 9 mm (oui, 9 mm, pas 1 cm, on ne se moque pas Romain !)
  • Un niveau à bulle pour l'horizontalité de la planche.
  • Une marmite en inox pour faire fondre la cire.
  • Un thermomètre pour surveiller la température de la cire.
  • Une spatule de plâtrier (je ne sais pas vraiment comment s'appelle cet engin, mais c'est très pratique) pour découper les amorces.
  • Une règle, un morceau de bois bien droit, ou juste une barrette de kenyane, pour guider la découpe.
  • Un pinceau pour coller les amorces.
  • Un lève-cadre parce qu'un apiculteur ce sert toujours de son lève-cadre dans n'importe quelle circonstance ;-)
Ma planche à amorce, qui permet de faire des amorces de 30 cm de long et de largeur modulable (en déplaçant un des tasseaux). Trop belle, je suis trop fière, je vais breveter le concept ;-)

Ma planche à amorce, qui permet de faire des amorces de 30 cm de long et de largeur modulable (en déplaçant un des tasseaux). Trop belle, je suis trop fière, je vais breveter le concept ;-)

Détail de la planche. La trace au marqueur noir était censée aider à respecter l'épaisseur de 2 mm... mais au final ça n'aide pas et ça laisse des traces noires sur la cire.

Détail de la planche. La trace au marqueur noir était censée aider à respecter l'épaisseur de 2 mm... mais au final ça n'aide pas et ça laisse des traces noires sur la cire.

1) Préparation de la planche :

  • Le trempage : l'étape la plus importante se situe à ce niveau. C'est le secret de l'utilisation d'une planche en contreplaqué, qui nécessite de s'y prendre un peu à l'avance. La veille de la préparation de vos amorces, il faut absolument tremper la planche dans une bassine d'eau. Le plus dur consiste à trouver une bassine d'eau suffisamment grande pour immerger la planche entièrement. Les plateaux style "plateau-repas de cantine" sont super. Si cette étape n'est pas respectée, la cire collera au contre-plaqué et sera impossible à décoller ! Prudence...
  • L'installation de la planche : le lendemain, sortez la planche de l'eau et placez-là sur un support. L'opération délicate consiste à placer la planche hyper horizontale pour que la cire se répartisse de manière homogène sur la planche. Le niveau à bulle est indispensable, mais il ne fait pas tout... il faut avoir l'oeil !
Niveau à bulle chinois... il semble correct, mais je n'ai encore jamais réussi à faire des amorces homogènes avec ! Mystère...

Niveau à bulle chinois... il semble correct, mais je n'ai encore jamais réussi à faire des amorces homogènes avec ! Mystère...

2) Coulage de la cire :

  • Faites fondre la cire au bain-marie, tout doucement, jusqu'à atteindre une température de 90°C. Après plusieurs tentatives, j'ai trouvé qu'il s'agit d'une température idéale pour couler la cire. Plus froid la cire ne s'étale pas bien sur la planche et on a vite fait d'obtenir des amorces trop épaisses. Plus chaud, la cire craque en refroidissant.
  • Vérifier l'humidité de la planche : éponger s'il y a encore trop d'eau, ou au contraire pulvériser de l'eau si elle a déjà trop séché. C'est un coup à prendre.
  • Versez la cire rapidement sur la planche en veillant à ne pas en mettre de trop. Pour éviter les excès, j'ai calculé que ma planche de 30x30cm demande 200g de cire pour des amorces de 2-3 mm (6 à 7g par amorce), ce qui permet d'amorcer 1 ruche entière.
Attention à surveiller la température. La cire doit chauffer tout doucement, et atteindre une température suffisante sans que des petites bulles n'apparaissent.

Attention à surveiller la température. La cire doit chauffer tout doucement, et atteindre une température suffisante sans que des petites bulles n'apparaissent.

On coule la cire sur la planche. Il faut quelques minutes à peine pour que la cire se solidifie et soit prête à être découpée.

On coule la cire sur la planche. Il faut quelques minutes à peine pour que la cire se solidifie et soit prête à être découpée.

3) Découpage des amorces :

  • A peine quelques minutes après le coulage de la cire, préparez-vous à découper. Si on attend trop longtemps, la cire sera dure à découper. Si elle est trop molle, la cire s'effritera et les amorces seront moins jolies. Il faut trouver le bon équilibre.
  • Découpez à l'aide de la spatule et du guide en bois. Faites toute la planche d'un seul coup pour éviter que la cire ne soit trop dure à la fin.
  • Décollez les amorces, qui doivent venir facilement et laissez-les refroidir complètement à l'écart. Ajustez ensuite la longueur des amorces selon les barrettes utilisées.
  • Incérez les amorces dans la rainure des barrettes.
Difficile de respecter l'épaisseur... mais cela reste correct. L'amorce est plus épaisse près des bords, mais ce n'est pas gênant. Au contraire, cela permet de bien la fixer avant le collage.

Difficile de respecter l'épaisseur... mais cela reste correct. L'amorce est plus épaisse près des bords, mais ce n'est pas gênant. Au contraire, cela permet de bien la fixer avant le collage.

On découpe en suivant l'écartement.

On découpe en suivant l'écartement.

La découpe est assez facile sur la cire tendre, mais devient difficile si la cire refroidit complètement. Il faut aller vite !

La découpe est assez facile sur la cire tendre, mais devient difficile si la cire refroidit complètement. Il faut aller vite !

Les chutes d'amorce peuvent être collées les unes aux autres, pas de perte... Arg, on dirait des Kit-Kat au chocolat blanc, même l'odeur est trompeuse, on les mangerait !

Les chutes d'amorce peuvent être collées les unes aux autres, pas de perte... Arg, on dirait des Kit-Kat au chocolat blanc, même l'odeur est trompeuse, on les mangerait !

Les amorces doivent s'insérer facilement. Si elles sont trop épaisses, on peut forcer un peu. Dans le cas contraire, elles flottent un peu mais ce n'est pas grave puisqu'elles seront collées plus tard.

Les amorces doivent s'insérer facilement. Si elles sont trop épaisses, on peut forcer un peu. Dans le cas contraire, elles flottent un peu mais ce n'est pas grave puisqu'elles seront collées plus tard.

4) Le collage et les finitions :

  • Faites refondre la cire dans la marmite.
  • Avec le pinceau, passez la cire fondue sur les amorces, de telle sorte que la cire liquide rentre dans la rainure et colle l'amorce.
  • Une fois la cire refroidie, passez un coup de lève-cadre de part et d'autre de l'amorce. Cela permet de récupérer la cire excédentaire (il n'y a pas de petites économies).
Passage d'un coup de pinceau pour coller l'amorce.

Passage d'un coup de pinceau pour coller l'amorce.

Résultat après passage du pinceau.

Résultat après passage du pinceau.

Récupération de la cire excédentaire, sans mordre de trop sur l'amorce évidemment !

Récupération de la cire excédentaire, sans mordre de trop sur l'amorce évidemment !

C'est qu'on en récupère quand même pas mal de la cire !

C'est qu'on en récupère quand même pas mal de la cire !

Et voilà le résultat final !

Et voilà le résultat final !

Pas mal n'est-ce pas ?

Pas mal n'est-ce pas ?

Rédigé par Claire

Publié dans #Apiculture

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J
Merci ! J'avais une foule de questions sur l'amorcage de barettes ce matin, elles sont toutes repondues , photos a l'appui. !
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B
Merci pour cet article et comme nous sommes voisins (République de Guinée), je vous dis a bientôt
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J
Merci pour tes précieuses informations! Je débute ce printemps en Warré.
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A
Je vais tester une ruche
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B
pas de centrifugeuse, tant mieux je dirais, des économies de faites nn!!! Mais la récolte se fara de la méme maniére que dans une warré??? .
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C
Bien sur, quelque soit les dimensions de la ruche, la recolte se passe de la même manière, ce n'est que la taille des rayons qui change. Les rayons récoltes sont concassés et pressés ou broyés, manuellement ou avec une machine, et le miel est laisse a décanter.