24 février, et je commence à me dire que peut-être je suis un peu en retard pour mon traditionnel bilan annuel. C’est de pire en pire… Je crois qu’après 14 ans de Sénégal (oui je sais c’est fou !!!) dont 4 à Kourientine, le processus de sénégalisation arrive presque à son terme ! Je ne peux même plus vous souhaiter bonne année… à moins que… si si, c’est encore le nouvel an tibétain, et j’ai respecté le protocole de remplacement des petits drapeaux que m’avait amenés Régine. Ouf je suis sauvée !

Alors pour cette année, j’ai décidé de ne pas suivre l’ordre chronologique des événements dans un long article fleuve… juste histoire d’être encore plus déstructurée, mais aussi parce que je galère avec le clavier Qwertz de mon nouvel ordinateur qui me parle de surcroit en Suisse Allemand. J’irai donc droit au but avec un bilan chiffré et imagé au maximum.

1 nouveau bébé

Dienabou Konaté est née le 21 mai 2019 à Kourientine, dans la chambre de sa maman, à quelques mètre de mes cases et sans que je ne devine quoi que ce soit. Dienabou est la fille de Sadio (son numéro 5) et de Moussa (son n°11). Elle se porte très bien et commence déjà à ressembler à sa grande sœur Aissatou.

2 voyages en Europe

Alors que je n’avais pas bougé en 2018, je me suis rattrapée avec deux voyages en moins de 6 mois : le premier en Bretagne au mois de juin (Que je vous ai raconté ici), et le second en Belgique au mois de décembre (Que je vous ai raconté là). Deux régions très éloignées à des saisons différentes… mais punaise qu’est-ce que j’ai eu froid !!! Heureusement, la chaleur des Belges et des Bretons a su compenser le climat épouvantable auquel j’ai eu droit pendant ces deux voyages.

3 Petits Mouss

Après la naissance de Sao et Paulo le 15 janvier, le nombre de chat a drastiquement augmenté dans la maison, la maman Rio acceptant tous les chatons abandonnés du voisinage ! Nous sommes donc passés de 2 à 7 chats pendant l’absence de Moussa, jusqu’en avril. Pour le maintien de la paix de mon ménage, je dus ruser pour disséminer les intrus avant le retour du patron, et lui faire accepter de garder Sao et Paulo, en compensation de la mystérieuse disparition de Denver (mangé par un Python ou enlevé par des extraterrestres, ce sont les hypothèses les plus plausibles…). Heureusement, Moussa accepta pour me faire plaisir, non sans les traiter régulièrement de noms d’oiseaux !

6 vélos (dont 1 machine à laver)

A part les chats noirs et blancs, je collectionne aussi les vélos, c’est comme ça. Pour que mes visiteurs, de plus en plus nombreux, puissent de promener à leur guise autour du village, j’ai acquis de nouveaux vélos tout beaux (mais d’occasion quand même). Seul un vélo n’est plus disponible pour les balades… c’est celui que j’ai recyclé en machine à laver ! (Article ici) Une machine que j’ai bricolée comme j’ai pu et qui a changé ma vie : je n’ai plus jamais fait le linge dans une bassine ! C’est tellement fun de pédaler que ça donne envie de reconvertir toutes ses machines… d’ailleurs j’ai un projet en cours mais c’est une surprise (ne cherchez pas, vous ne trouverez jamais) !

19 visiteurs (et 1 association)

En parlant de visiteurs, voilà la fournée 2019 ! Myriam, Pierre, Louisette, Laurence, Michel, Philippe, François-Xavier, Bernard, Régine, Jean-David, Mado, Alain, la bande à Jean-Luc et Hervé, Annick et Patrick. Ils nous offrirent énormément par leur compagnie, leur aide au jardin, et leurs dons divers et variés, petits et grands. Alors que la plupart de ces personnes ne se connaissaient pas avant de venir nous voir, elles sont aujourd’hui toutes liées par ce village. C’est ça la magie du Sénégal ! C’est ainsi que naquit l’association « Nawari Kourientine » (raison de mon premier voyage en Bretagne) qui compte déjà 43 membres et dont je vous expliquerai les projets très bientôt.

40 arbres fruitiers

En mars, malgré l’arrosage consciencieux de mes jeunes arbres fruitiers, j’en perdis la grande majorité suite une attaque de petits criquets dont je me m’étais pas méfiée à temps. Pas un essaim de criquets pèlerins de 40km de long, non… mais juste quelques vicieuses petites bêtes de même pas 2cm de long ! En pleine saison sèche, elles n’avaient rien trouvé de mieux à faire que de ronger toutes les tiges de mes jeunes manguiers. En 15 jours tout était fini. Un poil déprimant…

A mon retour de Bretagne, au mois de juin, j’en profitai donc pour acheter de nouveaux arbres fruitiers en pépinière. Mangues, Clémentines, Limes de Tahiti, pamplemousses, corossols, oranges, mandarines et noix de cajou. Malgré un début d’hivernage difficile, la plantation au jardin et au terrain se passa bien et je subis peu de perte. Je les arrose depuis et ils vont bien. Gare aux criquets cette année, j’ai prévu les moustiquaires !

75 Litres de miel

Ah voilà enfin le sujet que vous attendiez tous… et vous vous dites surement, ben c’est bien mais c’est pas beaucoup quand même… Eh oui, c’est vrai, ce n’est pas énorme comme rendement pour notre quarantaine de ruches disséminées autour du village. Il faut dire nous avons persisté à laisser des ruches au bord du fleuve, alors que ces dernières ne produisent strictement rien depuis des années. Les anciens nous avaient prévenus… mais nous avons fait notre expérience, et nous avons constaté. Pourquoi vous demanderez-vous ? Je n’en sais rien… Peut-être la paresse des abeilles près de l’eau, la forte présence des petits-coléoptères, une perturbation énergétique due aux nombreuses nappes phréatiques, une pénombre trop importante, un problème d’hygrométrie, un mauvais sort du Djinn du fleuve… le saurons-nous un jour ? En attendant il va falloir que Moussa me trouve un autre site où déplacer nos ruches. D’ici là mes arbres fruitiers et autres arbres mellifères commenceront à fleurir, et fourniront un complément alimentaire indispensable en saison sèche.

En tout cas rassurez-vous, nous ne faisons pas encore de la quantité, mais nous faisons de la qualité ! Nous produisons 2 miels différents, un en fin de saison sèche (avril-mai) et un saison fraîche (décembre). J’ai pu analyser notre miel de décembre qui a été qualifié de « Miel d’Hyptis » (eh oui encore le fameux Hyptis suaveolens !) et qui étonne par son côté à la fois doux, acidulé et piquant ! Quand à notre miel de mai, il reste à analyser, mais il est aussi très bon et se conserve très longtemps grâce à ses 16% d’humidité seulement.

76 ml d’huile essentielle d’Hyptis suaveolens

Suite à la formation en production d’huiles essentielles de fin 2018, les femmes étaient très motivées et elles me rapportèrent des bassines pleines d’Hyptis à distiller ! C’est plus de 14kg d’hyptis séché qui passèrent au distillateur pour nous donner 76ml d’huile essentielle, soit un rendement moyen de 0,53. Un bon début, qui nous permis de faire de premiers tests d’utilisation : l’hydrolat s’avère très intéressant en spray anti-moustiques (action rapide mais courte) et j’ai testé l’huile essentielle dans la composition de mes baumes désinfectants.

Nous avons aussi produit 15ml d’huile essentielle de menthe poivrée, et testé la distillation du gros thym (Plectranthus amboinicus) que je prenais initialement pour de la mélisse. Nous n’en sommes encore qu’au tout début de ce projet de production d’huile essentielle avec les femmes du village, qui nous demande beaucoup de temps, de recherche, de rigueur, de précautions… mais qui est bien sûr très passionnant !

J’en profite pour lancer un appel à toute personne passionnée par les plantes médicinales et les huiles essentielles, pour nous aider à avancer sur ce projet. N’hésitez pas à me contacter !

102 bananiers

Au mois d’août, Moussa me dit, je vais planter des bananes. Moi je dis super, d’après mes savants calculs j’aurais besoin de 30 pieds pour ma consommation annuelle, en ajoutant les invités et la famille, en prenant de la marge. Moussa part à la grande bananeraie abandonnée (faute de moyen d’irrigation) pour piquer les jeunes plants survivants… et revient avec plus de 100 pieds ! Cela valait bien la peine que je me casse la tête ! En tout cas notre bananeraie, installée en bas du jardin se développe très vite grâce à l’arrosage express de la motopompe dont nous a fait Don l’association Dar El Salam (et que nous remercions au passage). D’après notre grand spécialiste de la banane Ali Coulibaly, les premières fleurs sont attendues pour le 6 mars et le premier régime courant juin !

225 kg de piments

2019 fut la première année de fonctionnement de la motopompe que nous avaient offerte nos amis Joëlle et Bassirou. Malgré nos nombreux déboires pour l’installation des tuyaux, le jardin produisit 225kg de piment sur la saison sèche, ainsi que quelques salades, aubergines amères et tomates. Soit environ 500€ de recettes avant d’éteindre la motopompe pour l’hivernage et repartir avec de nouveaux plants. Pas mal mais peut mieux faire… car en déduisant les frais de gasoil et le « salaire » des enfants et neveux de Moussa qui avaient arrosé toute la saison, il ne resta plus rien dans la caisse pour les patrons ! Enfin l’objectif n’était pas de faire fortune avec le piment, mais de mettre en place le jardin progressivement et d’apprendre. En cela on pourra dire que cette année fut très formatrice !

Depuis octobre, le jardin est reparti avec aubergines, piments, aubergines amères, tomates, salades… et les chiffres sont déjà prometteurs.

725 mm de précipitation annuelle

En 2019, la saison des pluies commença le 30 juin et se termina le 8 octobre. Nous avons eu droit à 45 jours de pluie pendant cette période (soit moins d’1 jour sur 2), avec un cumul de 725 mm. La plus grosse pluie fut la première, avec 68 mm en une seule nuit. Nous avons même connu un « trou » de 10 jours en plein mois d’août ! Pour rappel, nous sommes sensés dépasser les 800mm par an, et nous étions il y a encore quelques décennies à plus de 900 mm, avec des premières pluies en mai et les dernières en novembre. Cet hivernage fut donc assez catastrophique, et l’irrégularité des pluies fut fatale à de nombreux semis. La diminution sensible de la pluviométrie et la réduction de la saison pluvieuse n’est évidemment pas un signe positif… les cultures hivernales sont de moins en moins rentables pour les paysans, et les systèmes d’irrigation sont désormais inévitables pour compléter les ressources alimentaires locales.

550000 nouvelles expériences

Bon, il n’y en a peut-être pas eu autant, mais j’en ai perdu le compte ! Car ce ne sont pas les idées qui manquent, ni les opportunités de découvertes. Alors je ne pourrai pas tout énumérer, et j’ai beaucoup d’expériences en cours à droit à gauche, dont je ne peux pas vous donner les résultats tout de suite… mais voici quand même quelques unes de ces expériences, plus ou moins heureuses !

Voilà, vous savez tout, ou presque ! Pour ceux qui voudraient en savoir plus, je vous invite à venir voir par vous-même comment les choses se passent ici. La Case du fleuve est maintenant bien rodée et les premiers invités ont testé toute la gamme de plats de Néné. Je crois qu’on mérite bien une petite étoile !