Un nouveau départ apicole

Publié le 10 Juillet 2020

Un nouveau départ apicole

C’est en automne 2014 que j’installai mes premières ruches à Kourientine, pleine d’espoir et de joie de démarrer un nouveau projet qui me corresponde ici en pleine brousse, au bord du fleuve Gambie. Depuis lors, il s’est évidemment passé beaucoup de chose. Mon associé Moussa est devenu mon mari, nous avons installé une quarantaine de ruches autour du village, nous avons construit une petite miellerie à domicile, j’ai beaucoup observé, Moussa a déplacé beaucoup de ruches sur sa tête… mais il faut l’avouer, en 5 ans, notre activité apicole n’a pas encore pris l’essor espéré et le bilan est plutôt mitigé.

Aujourd’hui, Moussa et moi produisons bel et bien des miels de très bonne qualité et appréciés de tous, notamment l’original et magnifique Miel d’Hyptis suaveolens. Nous produisons également de la cire pure dont la qualité est reconnue par les tradipraticiens sénégalais. Nous fabriquons également des produits dérivés : bougie, savons au miel, baumes à la cire d’abeille… que j’utilise au quotidien et qu’on me commande parfois de loin !

Valorisation du miel en rayon

Valorisation du miel en rayon

Même sur notre petit site, nous produisons des miels très différent à quelques centaines de mètre d'intervalle. Il faudrait bien sur des analyses afin de déterminer quelles sont les fleurs butinées, mais le potentiel est là !

Même sur notre petit site, nous produisons des miels très différent à quelques centaines de mètre d'intervalle. Il faudrait bien sur des analyses afin de déterminer quelles sont les fleurs butinées, mais le potentiel est là !

La cire d'abeille est un élément essentiel des baumes et onguents médicinaux traditionnels. Je réalise mes propres baumes avec mes huiles végétales et huiles essentielles... mais pour le moment je n'en suis qu'aux expérimentations !

La cire d'abeille est un élément essentiel des baumes et onguents médicinaux traditionnels. Je réalise mes propres baumes avec mes huiles végétales et huiles essentielles... mais pour le moment je n'en suis qu'aux expérimentations !

Essai de Wax argile, autrement dit un mélange d'huile, de cire et d'argile, qui est une sorte d'emplâtre très efficace pour soigner toute sorte de plaies, blessures et problèmes de peau.

Essai de Wax argile, autrement dit un mélange d'huile, de cire et d'argile, qui est une sorte d'emplâtre très efficace pour soigner toute sorte de plaies, blessures et problèmes de peau.

Malheureusement, nous connaissons de réel problème de peuplement et de rendement. Autrement dit, les ruches ont du mal à rester peuplées toute l’année et elles ne produisent pas autant qu’elles le devraient. Nos récoltes sont donc très moyennes, parfois même très faibles. Nous avons énormément de demande pour le miel au village et aux alentours, que nous vendons volontairement à un prix abordable, mais nous sommes obligés de rationner pour que chacun puisse en avoir un peu.  Notre activité apicole n’est donc pas encore rentable et nous comptons sur nos autres activités au village et la solidarité de la famille pour vivre. Heureusement, Moussa n’a pas les deux pieds dans le même sabot, et avec lui je ne crains pas d’être sans ressource !

Mais pourquoi tant de problèmes ? Comment faire pour y remédier ? Je vous raconte tout dans le petit bilan qui suit, puis je vous explique ma nouvelle motivation et mes nouvelles idées… qui ne manquent jamais !

Le bilan

C’est donc au cours des 5 dernières années que nous avons installé progressivement nos ruches, pour arriver au nombre conséquent de 44 ruches en bois de différents modèles. Nous possédons aujourd’hui 20 ruches Kenyanes, 12 ruches Warré et 12 ruches Langstroth. C’est principalement grâce à une campagne de parrainage (d’où les noms de ruches car 1 ruche=1parrain/marraine) que j’ai pu construire les Kenyanes et les Warré neuves. Les Langstroth avaient été récupérées d’un vieux projet par le chef du village et remises en état tant bien que mal. Cette variété de modèles était un choix dans le sens où je n’avais aucune idée du type de ruche le plus approprié pour moi et dans cette région du Sénégal. Par contre je suis restée sur un fonctionnement de barrettes et non de cadres, même avec les Langstroth, pour des raisons à la fois éthiques et pratiques.

Ruche Kenyane sous les Piliostigma, une des premières ruche peuplée et qui donne chaque année entre 10 et 20kg.

Ruche Kenyane sous les Piliostigma, une des premières ruche peuplée et qui donne chaque année entre 10 et 20kg.

Une des ruches Langstroth de Moussa (en plutot bon état malgré les ouvertures multiples). Elle produit plus de 20kg par an. Je pense que le volume de la Langstroth sur 2 éléments convient bien. C'est pourquoi j'aimerais refaire des ruches Langstroth neuve avec les bonnes dimensions afin de tester sa capacité dans de bonnes conditions.

Une des ruches Langstroth de Moussa (en plutot bon état malgré les ouvertures multiples). Elle produit plus de 20kg par an. Je pense que le volume de la Langstroth sur 2 éléments convient bien. C'est pourquoi j'aimerais refaire des ruches Langstroth neuve avec les bonnes dimensions afin de tester sa capacité dans de bonnes conditions.

Les ruches ont été placées dans différents sites à moins d’1,5km du village, selon les connaissances de Moussa, afin de trouver des emplacements ombragés, tranquilles et non inondables. Certaines ruches ont été placées près du fleuve, et d’autres plus éloignées. Notre objectif était tout d’abord de tester ces sites afin de déterminer les meilleurs emplacements. Nos ruches sont donc pour le moment disséminées un peu partout, isolées ou par groupe de 3 à 10, placées sous des arbres pour l’ombre, et je ne vous cache pas que lorsque les herbes sont hautes, j’ai beaucoup de mal à les retrouver. Même Moussa m’a perdue plus d’une fois de nuit dans les ruchers, en me faisant tourner en rond avec des seaux de récolte à la main, trébuchant sur des souches, et me prenant des branches d’acacia dans la cagoule !

Un rucher au bord du fleuve... ces ruches n'ont malheureusement jamais bien produit !

Un rucher au bord du fleuve... ces ruches n'ont malheureusement jamais bien produit !

Une ruche isolée... si l'endroit est favorable pour le butinage (Hyptis suaveolens omniprésent en fin d'hivernage), il m'est très difficile de la retrouver quand les herbes sont hautes et de me frayer un chemin. A cette saison les abeilles sont très chatouilleuses, et elles ne tolèrent pas le désherbage !

Une ruche isolée... si l'endroit est favorable pour le butinage (Hyptis suaveolens omniprésent en fin d'hivernage), il m'est très difficile de la retrouver quand les herbes sont hautes et de me frayer un chemin. A cette saison les abeilles sont très chatouilleuses, et elles ne tolèrent pas le désherbage !

Nous avons tout d’abord subit 2 premières années de sécheresse, et le peuplement des ruches fut donc difficile. En effet, je comptais exclusivement sur le peuplement naturel, qui dans une zone où les abeilles ne sont pas habituées à ce type d’habitat, et avec des ruches neuves, n’est pas si simple. Quelques ruches ont été peuplées immédiatement et les colonies n’ont pas bougé depuis toutes ces années. Mais la majorité a été peuplée tardivement, ou bien a été peuplée puis désertée puis de nouveau peuplée, etc… à plusieurs reprises. D’autres ont été peuplée par les lérots ou les fourmis…

Nous avons tenté plusieurs fois des captures d’essaims, mais ce fut toujours des catastrophes (abeilles partout, rayons cassés et finalement colonies qui désertent). Nous n’avons par contre réussi quelques fois des transferts de ruches qui s’étaient peuplées au village, et une seule fois une « capture naturelle » (essaim entrant de lui-même dans une ruchette placée près de lui). Aujourd’hui encore, nous peinons à maintenir nos ruches peuplées, nous en avons actuellement seulement 25 sur les 44 !

Une capture d'essaim "naturelle" : nous avons placé une petite ruche Warré au dessus de l'essaim sauvage, qui a fini par entrer dans la ruche de lui-même. Au bout d'une semaine nous l'avons déplacée et depuis la colonie est sur 3 éléments.

Une capture d'essaim "naturelle" : nous avons placé une petite ruche Warré au dessus de l'essaim sauvage, qui a fini par entrer dans la ruche de lui-même. Au bout d'une semaine nous l'avons déplacée et depuis la colonie est sur 3 éléments.

Un peuplement naturel d'une ruchette kenyane à la maison... bien sûr il aura fallu la déplacer !

Un peuplement naturel d'une ruchette kenyane à la maison... bien sûr il aura fallu la déplacer !

Notre conduite d’élevage a jusqu’à présent été très simple, afin d’observer l’évolution naturelle des colonies. Malheureusement j’avoue ne pas avoir été assez rigoureuse dans le suivi. Durant ces premières années d’installation au village, j’étais prise par trop d’activités en même temps et j’ai négligé la surveillance des ruches. J’ai découvert des problèmes petit à petit sans prendre véritablement le temps de les résoudre. J’ai aussi compris qu’en zone tropicale, le développement des colonies est très différent d’une localité à une autre, en fonction des arbres mellifères qui fleurissent à des périodes très différentes même dans un rayon restreint. Il faut donc étudier de près les miellées. Je soupçonne d’ailleurs les abeilles africaines adansonii de butiner dans un rayon autour des ruches beaucoup plus restreint qu’en Europe. Alors qu’on nous apprend qu’une abeille peut butiner jusqu’à 3km, j’ai observé ici des colonies qui préfèrent déserter plutôt que de butiner à 1km. Je les comprends, vu la chaleur, faire des aller et retour quotidien par 40°C, ce n’est clairement pas rentable !

Moi qui me basais sur mes connaissances dans le Boundou, je constate qu’ici ce n’est pas du tout la même chose ! Nous avons pu identifier plusieurs miellées (Jujubier, Hyptis, combrétacées et acacia) mais le ciblage des périodes de récolte est plus difficile. Car les miellées coïncident souvent avec les périodes de développement intense du couvain (rayons non récoltables car miel, pollen et couvain sont sur le même rayon), et des périodes d’humidité forte (qui empêche une bonne déshumidification du miel).

Kinkeliba en juillet

Kinkeliba en juillet

Terminalia en juillet

Terminalia en juillet

Jujubier en Septembre-octobre

Jujubier en Septembre-octobre

Hyptis en octobre-novembre

Hyptis en octobre-novembre

En ce qui concerne nos techniques de récolte et d’extraction, nous récoltons les rayons dans des seaux que nous ramenons à la miellerie sur le porte-bagage de nos vélos. Les rayons sont ensuite nettoyés puis passés dans un broyeur à miel. Ce dernier est filtré par un tamis et laissé en fut pour une maturation de quelques semaines. La cire est quant à elle extraite à l’aide d’un cérificateur solaire puis tout simplement filtrée et moulée.

Mon installation en miellerie avec broyeur, tamis et maturateur

Mon installation en miellerie avec broyeur, tamis et maturateur

Mon cérificateur solaire pour l'extraction de la cire

Mon cérificateur solaire pour l'extraction de la cire

Il aura fallu 2 années avant que les premières ruches commencent à donner. Nos récoltes ont tourné autour de 100kg de miel conditionné en 2018 et 2019. Compte tenu du nombre de ruches, ce résultat est plutôt médiocre. Certaines ruches ont donné plus de 10kg brut par récolte (2 fois dans l’année) et d’autre uniquement 1 ou 2 kg . D’autres encore n’ont absolument rien donné en 4 ans même avec des colonies présentes depuis le début ! Mais comment donc expliquer cela ?

Actuellement nous ne savons pas quel est notre vrai facteur limitant. Nous avons plusieurs contraintes, mais il est bien difficile de savoir s’il s’agit d’un effet cumulatif de tous ces facteurs, ou bien si un facteur déterminant freine le développement des colonies et par conséquent leur production de miel.

  1. L’emplacement des ruches : nous avons constaté que les ruches placée au bord du fleuve ne produisent presque pas (exceptionnellement nous avons récolté quelques kg) alors qu’elles ont été peuplées rapidement. Les colonies sont là mais les ruches sont toujours sèches. Pourquoi ? C’est un grand mystère. Les villageois disent que les abeilles du fleuve sont paresseuses… moi je pense qu’il y a forcément une autre explication (perturbations énergétiques dues à l’eau, aire de butinage restreint car les abeilles ne traversent pas le fleuve, présence de plus de petits coléoptères…)
  2. Les petits coléoptères : ces insectes plus petits que les abeilles sont présent dans toutes les ruches et pullulent dans certaines. Ils ne causent pas de maladies mais ils mangent le miel et le pollen, jusqu’à laisser les abeilles sans réserve.
  3. La déforestation : comme partout au Sénégal, notre brousse est menacée par les coupeurs de troncs, les bergers, les projets maraichers au bord du fleuve… beaucoup d’espèces mellifères sont ciblées, et il est de plus en plus dur de trouver des zones propices pour l’installation des ruches. Si certains sites restent intéressants, à certaines périodes de l’année la diversité floristique ne permet plus d’y maintenir les colonies qui désertent.
  4. Les feux de brousse : là encore une menace globale qui arrive chaque année, qui menace les colonies et détruit les arbres...
  5. Des ruches pour certaines trop vieilles ou mal conçues
Feux de brousse cette année... heureusement peu de ruches ont déserté suite à cet incident

Feux de brousse cette année... heureusement peu de ruches ont déserté suite à cet incident

Petits coleoptères capturés dans un piège, essai avec une Warré

Petits coleoptères capturés dans un piège, essai avec une Warré

Construction anarchique dans une vieille ruche de Moussa, due à des barrettes en mauvais état

Construction anarchique dans une vieille ruche de Moussa, due à des barrettes en mauvais état

Le nouveau départ

Malgré ces problèmes, Moussa et moi sommes toujours bien motivés et déterminés à rendre notre activité rentable et mieux organisée. J’ai toujours énormément de plaisir à parcourir la brousse pour suivre les colonies, et à prendre mon vélo pour récolter la nuit en pleine nature. Et le bonheur de croquer dans un rayon de miel fraichement récolté… ça vaut bien quelques efforts supplémentaires !

Lorsque l’on pratique une activité seule au fin fond de la brousse, ce n’est pas simple. Je dois dire que mon voyage en Belgique en décembre dernier, lors de la Journée d’échange Nord-Sud organisée par Miel Maya Honing et le CARI, a été riche et m’a donné de nouvelles idées. De plus, en m’engageant comme relais de BNNH (Beekeeping Network North-South), je me suis faite de nouveaux contacts apicoles, et j’ai découvert des ressources techniques inspirantes via la plate-forme TECA de la FAO. Cela m’a donné envie de consacrer plus de temps à mes ruches et enfin… d’être une vraie apicultrice quoi !

Et donc, que va-t-il se passer maintenant ? J’ai un plan ambitieux bien sûr, dont voici les principaux points :

1) Tester d’autres modèles de ruches afin de déterminer le ou les mieux adaptés à mon contexte. Notamment les ruches FONGE (mixte entre kenyane et ruche à hausse) et les ruches en paille à 2 ouvertures.

2) Réaménager les ruchers en regroupant les ruches dans les sites les plus favorables et en protégeant mieux les ruches.

3) Etablir un suivi annuel des ruches, qui a d’ailleurs commencé ce mois de juin, pour mieux comprendre le cycle des colonies de ma zone, mais aussi identifier des problèmes potentiels (présence des parasites).

4) Profiter du suivi pour mieux valoriser les autres produits de la ruche, notamment en récoltant la propolis et la cire des ruches désertées.

5) Renouveler les 12 vieilles ruches Langstroth de Moussa, qui commencent à être beaucoup trop difficiles à manipuler (bois pourri mangé par les termites, barrettes cassées…) et qui ont des trous de partout (mauvaise gestion de l’hygrométrie). De plus elles avaient été construites selon les dimensions européennes et non africaines, l'espace intérieur n'est donc pas approprié malgré mes bricolages.

6) Impliquer quelques jeunes de la famille et du village pour m’aider dans l’entretien et le suivi des colonies, et initier leur apprentissage du métier.

suivi d'une ruche Warré et observation du couvain

suivi d'une ruche Warré et observation du couvain

Un nouveau départ apicole
Trouvée ! La reine...

Trouvée ! La reine...

Ruche Warrée après une visite nocturne

Ruche Warrée après une visite nocturne

Propolis sur une grille

Propolis sur une grille

Le parrainage des nouvelles ruches

Alors oui tout cela va être prenant, et j’aurai besoin de votre aide à nouveau… comment ?

Et bien je relance le parrainage des ruches afin de renouveler les 12 ruches Langstroth de Moussa. J’ai actuellement trouvé 4 nouvelles marraines, je cherche donc 8 personnes pour m’aider à aller jusqu’au bout du renouvellement.

Les conditions sont identiques à la première fois : vous donnez une contribution de 60€ qui permet de fabriquer une ruche neuve en bois dur (Langstroth africaine de préférence, mais un autre type de ruche est possible selon le souhait de chacun) et son support.

Cela me permettra de donner la vieille ruche de Moussa à un jeune apprenti apiculteur qui la remettra en état et qui s’occupera de sa ruche, sous ma supervision. Il conservera l’intégralité de la récolte de sa ruche et en échange m’aidera dans l’entretien des ruchers. Compte tenu de l’état des vieilles ruches, je pense qu’en les rassemblant, nous pourrons en remettre en fonction la moitié dans des conditions acceptables. Peut-être plus, car les jeunes du village sont bien plus dégourdis que moi en matière de bricolage ! En tout cas cela me permettrait de travailler avec 5 ou 6 jeunes qui possèderaient 1 à 2 ruches. Ces ruches ne tiendront peut-être pas très longtemps, mais elles pourront être un bon support pédagogique et susciter je l’espère des vocations.

En échange, chaque fin d’année vous recevrez un produit de la ruche de votre choix (pot de miel, miel en rayon ; savon, baume, bougie…), dès que la ruche produit et tant qu’elle produit. Sachant que les ruches en bois dur peuvent durer 15 ans ! Il y a toutefois un délai de 1 an pour que la ruche commence à produire. Pour les voyageurs, vous pourrez même m’accompagner visiter votre ruche si vous venez me rendre visite !

Bien sûr je n’oublie pas les parrains fondateurs et les marraines fondatrices, qui m’ont fait confiance depuis le début. Je vous enverrai également votre contribution avec plus de régularité que je ne l’ai fait jusqu’à présent, et je m’en excuse !

Si vous êtes intéressés par ce partenariat, contactez-moi par mail :

claire_clem@hotmail.com

A bientôt pour de nouvelles aventures !

Un nouveau départ apicole

Rédigé par Claire CLEMENT

Publié dans #Apiculture

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