Comment tout a commencé...

« 1 ruche et 3 pintades ». C’est par cette petite phrase, qui pourrait être le titre d’une fable d’Amadou Hampaté Bâ, que tout a bel et bien commencé, dans un petit village de brousse perdu au fin fond du Sénégal. Mais comme pour toute fable, avant d’en connaître la morale, il faut vous raconter l’histoire…

Passionnée par la nature et fascinée par l’Afrique depuis toujours, j’ai eu l’opportunité, dès la fin de mes études universitaires en écologie, de partir au Sénégal et de travailler dans différents projets de préservation de l’environnement au sein de parcs et de réserves naturelles. Ces expériences professionnelles, à caractère scientifique (suivi d’une population de tortues sillonnées, inventaires faune/flore, cartographie…), se sont enrichies par une mission de création et de gestion d’une Réserve Naturelle Communautaire, la RNC du Boundou, dans la région de Tambacounda (Sénégal) dans laquelle j’ai vécu 5 ans.

Au cours de ma mission dans la RNC du Boundou, j’ai eu à travailler aux côtés des populations riveraines de la réserve, à la fois pour les appuyer à préserver leur milieu de vie, mais aussi pour développer des activités génératrices de revenus compatibles avec la préservation de l’environnement. C’est dans ce cadre que l’apiculture fut choisie comme première activité à mener collectivement autour de la réserve. Avec le soutien d’apiculteurs isérois (coopération Isère-Tambacounda) et d’apiculteurs locaux, un programme d’initiation à l’apiculture fut mené de 2009 à 2012, auquel j’ai participé au même titre que les populations locales. Ainsi, une centaine de ruches kenyanes fut installée dans la réserve, 140 apiculteurs furent formés aux techniques de base, et un Groupement d’Intérêt Economique fut créé, le GIE « Limbam Boundou ». Pour débuter cette expérience, chaque apiculteur reçu 1 ruche kenyane en son nom. Pour ne pas être en reste, j’acquis moi aussi ma propre ruche et adhérai au GIE.

Comment tout a commencé...

Un peu plus tard, c’est une autre activité qui démarra, en collaboration avec le PNR de Millevaches en Limousin : l’élevage de pintades, dans l’optique de lutter contre le braconnage. De même, des aviculteurs furent formés et reçurent chacun du matériel pour le poulailler ainsi que 3 pintades (1 mâle et 2 femelles), le minimum pour initier un élevage.

Comment tout a commencé...

Alors que la gestion de la réserve m’éloignait progressivement du terrain (administration, relations avec les élus et les partenaires…), le suivi des projets apicoles et avicoles me rapprocha du monde rural. Avec les apiculteurs, je participai au suivi des ruchers, à la récolte, au conditionnement et à la vente d’un miel de qualité dont chacun pouvait être fier. Avec les aviculteurs, je participai à la construction des poulaillers en terre et au suivi des élevages… plus ou moins réussis selon la maîtrise de la couvaison des œufs par les poules.

Pendant ces quelques années, ces nouvelles activités me procurèrent un réel plaisir et me firent reconsidérer ma place dans la société, mon « métier » d’écologue, et la façon dont on peut être acteur de la préservation de l’environnement. Car bien qu’étant convaincue de la nécessité d’accompagner les populations à gérer leur environnement, travailler dans une réserve naturelle dans un cadre de coopération Nord-Sud me conduisit bien souvent à avoir un mode de vie et de travail en contradiction avec mon éthique, et de devoir donner des conseils aux autres sans avoir la possibilité de les appliquer moi-même.

Pourquoi donc ne pas partir, comme nous l’avions conseillé à nos apiculteurs et à nos aviculteurs, d’1 ruche et de 3 pintades, et avoir une nouvelle vie ? De par ma petite expérience apicole, j’ai déjà pu constater que l’apiculture pouvait être ce vecteur d’intégration sociale que je recherche : c’est un métier qui me plaît, au contact avec la nature et dans lequel je me sens bien. Il est vrai que les abeilles africaines ne sont pas dociles, mais après tout, il faut bien mériter son miel !

De là est donc partie l’idée de créer, au Sénégal, une petite exploitation apicole et agricole, à taille humaine et mettant en avant des principes de la permaculture. L’accent serait mis sur la production de miel, dont le marché est très porteur au Sénégal (offre très insuffisante par rapport à la demande nationale), tout en développant progressivement et à petite échelle d’autres activités agricoles complémentaires telles que l'élevage de pintades, la culture de spiruline, la production maraichère et les plantations d'espèces mellifères.

C'est donc à partir d'ici que ce blog prend le relais, pour vous conter mes nouvelles aventures sénégalaises et comment prendra forme mon petit projet de retour à la terre...