Ma première ruche Warré "Adansonii"
Publié le 30 Janvier 2014
Toujours en pleine réflexion sur le type de ruche que je vais utiliser, je tombe par hasard sur le site "Une Abeille d'Afrique", tenu par Fabien, un coopérant belge basé en République Démocratique du Congo. Et quelle n'est pas ma suprise quand je découvre qu'il teste la ruche Warré depuis plusieurs années là-bas ! Car cette petite ruche souvent qualifiée de "ruche écologique" ne m'est pas tout à fait inconnue : c'est sur ce modèle que j'ai pratiqué l'apiculture pour la première fois en France, pendant mon stage de BPREA chez Yannick Hardiviller (Aveyron).
Jusqu'à présent, j'étais restée sur le modèle de ruche de type "kenyane", c'est-à-dire à développement horizontal. Ces types de ruches sont les plus employés en Afrique dans les projets d'amélioration de l'apiculture traditionnelle, car il s'agit d'un intermédiaire entre les ruches traditionnelles et les ruches à cadres dites "modernes". On m'avait également mise en garde sur la gestion difficile de l'agressivité sur des ruches "modernes" à développement vertical (c'est-à-dire par ajout de hausse les unes sur les autres). Pourtant, de nombreux projets utilisent des ruches Langstroth avec succès, soit avec des cadres, soit avec des barrettes, et en adaptant les dimensions aux abeilles africaines.
Mais voilà que Fabien explique sur son site que la ruche Warré donne également de bons résultats et offrent de nombreux avantages par rapport aux ruches de type kenyanes. Je le contacte donc, et Fabien me confirme que c'est aussi une bonne ruche pour l'Afrique et que les colonies s'y développent rapidement. Voire trop rapidement, ce qui implique un suivi rigoureux des colonies ! Je vous laisse découvrir le site "Une Abeille d'Afrique" pour plus de détails.
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Comme l'indique ce schéma, le développement de la colonie doit se faire avant la période de miellée. Il est impératif que celle-ci dispose d'un bataillon de 20 à 30 milles butineuses au minim...
http://www.afriabeilles.com/adansonii-article-rucheadaptee-entier.html
La ruche Warré, développée par l'Abbé Warré au début du XXè siècle, est aujourd'hui utilisée par de nombreux apiculteurs amateurs et par quelques professionnels. Elle est constituée de plusieurs éléments qui se superposent, comme les autres ruches modernes, mais leurs dimensions sont plus petites : un carré de 30cm par 30cm, pour une hauteur de 21cm. Ces dimensions correspondent à celle d'un essaim : une telle ruche offrirait donc un espace idéal pour les colonies en facilitant le maintien d'une bonne température dans la ruche. Pour ma part, j'ai pu constater le développement rapide des colonies après l'hiver, et une meilleure production que dans les Dadant au cours de l'été 2013 dans l'Aveyron.
De plus, la ruche Warré est plus légère et plus facile à manipuler, surtout lorsque l'on est une femme ! Alors que j'arrivais à porter toute seule une Warré pleine sur deux éléments (oui bon, pas trop pleine la ruche...), il m'était impossible de porter à deux une Dadant pleine. Un peu la honte lors des transhumances ;-)
Enfin, le principe de la Warré est d'uliser des barrettes juste amorcées d'un peu de cire, et non des cadres avec des cires gaufrées. Cela permet de laisser les abeilles construire leurs propres rayons sans les contraindre à suivre la trame de la cire gauffrée. Certains apiculteurs adaptent tout de même des cadres dans les Warré pour faciliter l'extraction du miel. On connait cependant aujourd'hui des difficultés à trouver de la cire, et qui plus est de bonne qualité (c'est-à-dire exempte de produits chimiques qui s'accumulent naturellement dans les corps gras). Laisser les abeilles produire leur propre cire me paraît être une évidence, d'autant plus que la cire est une autre produit noble de la ruche que l'on peut valoriser...
Bref, après plusieurs journées en tête à tête avec mon ordinateur, pour me mettre d'accord avec moi-même sur les détails de la construction de la ruche Warré et son adaptation à l'Apis mellifera adansonii, me voilà lancée dans la construction d'une première ruche. Pas toute seule évidemment, je ne suis pas encore outillée comme le parfait petit bricoleur Suisse, mais avec l'aide de mon menuisier attitré, Mamadou Diakhité. Ce dernier constuit les ruches pour les projets apicoles de Tamba depuis des années. Voici donc les photos du résultat :
Les éléments Warré ont les dimensions intérieures classiques : 30x30x21 cm. J'ai choisi de faire 2 poignées sur le côté et un trou sur la face avant, comme celles de Yannick, mon maître de stage aveyronnais ;-)
Chaque élément contient 9 barrettes au lieu de 8 pour la Warré européenne. C'est une modification importante, car les abeilles africaines sont plus petites et construisent des rayons plus serrés : l'espace entre le centre de deux rayons est de 32 ou 33mm. J'ai choisi de faire des barrrettes de 21mm espacées de 12mm : multiplié par 9 et on tombe presque tout juste sur 30cm ! Sur cet élément, les barrettes sont orientées en bâtisse chaude... petite inversion de mon menuisier qui ne savait pas que cela avait de l'importance !!!
Le toit est en bois, mais je le ferai sûrement recouvrir de tôle pour une meilleure protection contre la pluie. Les tasseaux intérieurs permettent de surélever le toit et de laisser un espace aéré au dessus des cadres. Les petits trous (que je trouve d'ailleurs trop petits, je vais tâcher de faire plus grand la prochaine fois) sont censés permettre la sortie de l'air chaud et humide qui remonte le long de la ruche.
Le plancher : j'ai choisis de le faire avec un trou pour augmenter l'aération des ruches. Etant donné les chaleurs extrêmes que les abeilles doivent supporter ici, je me dis que ce n'est sûrement pas du luxe. Toutefois, les avis étant partagés sur la nécessité de trouer les planchers, j'en ferai la moitié troués et l'autre moitié en bois plein !
Mamadou Diakhité, mon menuisier en chef (en vert) et son apprenti ajustent l'épaisseur des barrettes.
Le choix du type de bois est une question importante. Dans la région de Tambacounda, le Dimb (Cordyla pinnata) est un bois fréquemment utilisé par les menuisiers. Il s'agit d'un bois très dur et résistant aux termites. Pour les ruches, il s'agit d'un atout car les termites sont un vrai problème. Toutefois, le Dimb est très très lourd et il coûte cher. Une ruche en dimb coûte classiquement entre 25 000 et 30 000 Fcfa (38 à 45€) selon les options choisies (toit en tôle, plancher grillagé...). C'est donc un investissement important pour un apiculteur débutant, d'autant plus qu'il faut ajouter le coût du support, un problème que je n'ai pas encore résolu.
J'ai commandé 10 ruches Warré pour débuter, ainsi que 10 ruches kenyanes. Je compte en effet comparer les deux types de ruches avant de faire un choix technique définitif. J'aimerais beaucoup que la Warré réussisse, mais nous verrons bien. Il faut attendra attendre quelques semaines le temps que le bois sèche bien et que le menuisier me prépare toute la commande. Ce n'est pas encore demain que mes ruches seront peuplées, mais voir cette première ruche donne du coeur à l'ouvrage !