Débuts apicoles à Kourientine
Publié le 21 Juin 2014
Depuis quelques temps déjà, j'avais promis au chef du village de Kourientine de l'aider à remettre en état des ruches Langstroth qu'il avait récupérées d'un ancien projet et placées un peu au hasard dans les environs. Les villageois étaient particulièrement intéressés par l'apiculture mais n'avaient jamais reçu de formation... c'était donc une de leur principale motivation pour m'accueillir à Kourientine.
Ce jeudi matin, j'arrivai au village après mon petit entrainement en vélo de 15km (+ 20kg de bagages), et je trouvai le chef du village et son fils en train de faire le tri dans les ruches vides qu'ils avaient ramassées en brousse. Sur les 18 ruches qu'ils avaient déposées il y a deux ans, seules 6 étaient actuellement peuplées. Ils ne les avaient pas ouvertes depuis, sans savoir comment faire. Il nous restaient donc à nettoyer les 12 ruches vides et à regarder ce qui se trouvait dans les ruches peuplées.
En remerciement de son appui pour l'obtenion des papiers de mon terrain (je vous en parlerai dans un prochain article car ça vaut son pesant de cacahuetes... ), j'avais offert au chef du village deux combinaisons apicoles, un enfumoir, un lève-cadre et une brosse à abeilles... Djambala était tellement content ce jour-là que cela me rassura sur mon choix de m'installer à Kourientine. Cela dû le rassurer lui-aussi sur le fait de céder une petite partie de ses terres à une toubab inconnue !
Ngom à l'atelier "Récupération des cadres", suivant en même temps la coupe du monde à la radio (eh oui, même ici...)
Les cadres sont transformés en demi-cadre ou en barrettes : à quoi sert d'avoir des cadres en pleine brousse... à rien sinon à se compliquer la vie. Allez hop, on fait sauter tout ça !
Toute la journée nous nettoyâmes les ruches de fond en comble, et j'en profitai pour expliquer un peu la vie des abeilles. Je fus surprise de voir que Djambala avait déjà des connaissances et un bon sens de l'observation. En lui montrant les traces laissées par les cocons de fausses-teignes, je lui explquai qu'il s'agissait de papillon dont les "guilguile niami kagne" (dont les larves mangent la cire, dans mon bon pulaar!). Djambala me répondit "Hey, Hey ! mi andi !" (oui oui, je connais !). Il m'expliqua aussi de lui même qu'il trouvait les cadres trop serrés : effectivement, les ruches ne respectaient pas les dimensions de l'abeille africaine, et il faudrait un peu bricoler les espacements pour les utiliser convenablement.
Bon, je fis quand même mon petit effet en leur faisant découvrir la propolis qu'ils ne connaissaient pas. Je grattai un gros morceau de propolis avec mon lève cadre, et style cow-boy, je la pris entre les dents et commençai à la mâcher... Hum, une bonne propolis de 2 ans qui arrache la gorge... Je dus garder les picotements dans la bouche toute la journée ! Ca m'appendra à vouloir jouer les apicultrices endurcies ! En tout cas la chose est confirmée, nos abeilles produisent ici beaucoup de propolis.
Le soir, je partis avec Moussa et un autre jeune du village pour visiter quelques-unes des ruches peuplées. C'était l'occasion d'inaugurer les combinaisons, de leur montrer le maniement de l'enfumoir et les bonnes pratiques lors de la visite d'une ruche. Nous avions aussi prévu un seau pour récolter du miel au cas où, bien que la période ne fusse pas la plus favorable. La première ruche était très peu agressive, mais nous trouvâmes que les abeilles avaient construit les rayons en biais : impossible de retirer les cadres sans tout casser. Nous retirâmes malgré tout quelques rayons de miel, car la ruche était bien remplie.
Rassurés par la docilité de cette première ruche, mes deux compagnons en ouvrirent une deuxième... mais cette fois-ci, les abeilles "tapèrent" nos combinaisons d'entrée de jeu. Moussa commença à se plaindre "Mais ça pique !"... et impossible de désolidariser les rayons qui étaient là encore construits de travers. Nous refermâmes la ruche en vitesse et nous éloignâmes du rucher. Pour une première expérience, c'était déjà pas mal ! ...