Ma première ruche kenyane (KTBH)
Publié le 23 Octobre 2014
Fin octobre, nous y voici enfin... le temps des activités apicoles commence ! Après tout un été d'attente pour cause de pluies, je peux maintenant sortir mes ruches et m'attaquer à leur installation. La période d'après-hivernage est propice à l'essaimage, et c'est donc le meilleur moment pour espérer le peuplement spontané d'un maximum de ruches.
Il y a quelques temps, je vous avais présenté ma ruche Warré, première expérience dans ma région, et dont j'espère qu'elle portera ses fruits. Mais j'ai également opté pour quelques ruches kenyanes, un modèle de ruche bien connu et souvent utilisé dans les projets apicoles au Sénégal. Pour vous mettre en apétit avant l'installation de mon rucher, je vous présente donc mes premières ruches kenyanes, toutes neuves et toutes dépoussiérées.
!!! NEW 2015 !!!
Mon deuxième modèle de ruche kenyane dans un nouvel article ici
Ma première ruche kenyane sur son support métallique (hauteur 70cm). En option, le toit recouvert de tôle (protection contre la pluie) et deux entrées (refermables avec une mousse selon les besoins).
La ruche kenyane est une ruche à développement horizontal, car les abeilles développent leur colonie dans la longueur de la ruche, et non dans la hauteur comme pour les ruches à hausses. On l'appelle "kenyane" car elle a été conçue dans le cadre d'un projet apicole au Kenya dans les années 60-70. A l'origine, elle était formée d'une grosse caisse trapézoïdale recouverte de 28 barrettes jointives. En anglais, on la nomme KTBH (Kenyan Top Bar Hive) en faisant référence à ces barrettes. Ce type de ruche est considéré comme un intermédiaire entre les ruches traditionnelles (tronc, panier) et les ruches à hausse : sa gestion est accessible aux apiculteurs traditionnels, elle ne demande pas un suivi aussi compliqué qu'une ruche à hausse, et elle reste assez simple à construire pour des menuisiers locaux.
Depuis, cette ruche a connu un grand succès et le modèle s'est démocratisé dans toute l'Afrique. Cependant, de nombreuses adaptations ont été faites sur les dimensions initiales... à tel point qu'aujourd'hui, on parle plutôt de ruche "dites kenyanes" que de ruches kenyanes à proprement parler. Les variations concernent principalement les dimensions générales de la caisse, les parois verticales au lieu d'être obliques, la dispostion de l'entrée et le nombre de barrettes... autant dire à peu près tout ! Les conséquences peuvent être très néfastes pour les abeilles et rendent la conduite des colonies très difficiles.
Pour ceux qui s'intéressent aux avantages et aux inconvénients de la ruche kenyanes, dans le cadre de projets d'appui apicole par exemple, mais aussi pour leur expérience personnelle, je vous invite à consulter le document suivant : "Apiculture dans le Bas-Congo en RCD, 2012", de Fabien Van Hoecke sur le site Une Abeille d'Afrique. Fabien y décrit les problèmes rencontrés au Congo du fait de l'utilisation de ruches dites kenyanes. Ces problèmes peuvent en grande partie être résolus par le respect des dimensions de la ruche, un soin particulier à la construction, et une meilleure pratique apicole. Personnellement, j'apprécie de travailler sur une ruche horizontale, à bonne hauteur, avec la possibilité de n'ouvrir qu'une partie de la ruche en faisant coulisser les barrettes. A voir à l'usage donc.
Je dispose actuellement de 7 ruches kenyanes (26 barrettes) et de 3 ruchettes (9 barrettes) pour les captures d'essaims ou les divisions..
Après de nombreuses recherches bibliographiques, j'ai essayé de réaliser une ruche la plus proche possible du modèle d'origine. J'ai bien dit "essayer", car malgré mes instructions précises, mon menuisier m'a fait quelques fantaisies dont je me serais bien passée ! Comme quoi, si on est pas derrière en permanence... bref, on ne m'y prendra plus, en attendant j'ose espérer que les abeilles ne m'en tiendront pas rigueur.
LE BOIS : les ruches sont réalisée en dimb (Cordyla pinnata) avec des planches de 2cm d'épaisseur. Un bois dur et de bonne conservation, résistant aux termites. Très lourd, mais il procure de la stabilité à la ruche et permet de limiter les envies de vol !
LES DIMENSIONS : je me suis basée sur le plan détaillé par l'AFVP trouvé sur l'ouvrage "L'apiculture en Afrique tropicale" du GRET. En résumé, il s'agit d'une ruche de 89cm de long (intérieur), 30,5cm de haut, et de forme trapézoïdale (petite base 19cm, grande base 48cm). Bien sûr, les dimensions extérieures dépendent de l'épaisseur du bois. Compte tenu de la longueur intérieure, on peut placer 27 barrettes de 33mm : 27*33=891mm. Malheureusement, mon menuisier a confondu longueur intérieure et extérieure... ce qui fait que ma ruche ne fait plus de 85cm de long à l'intérieur. Heureusement, je m'en sors avec 26 barrettes tout en respectant un intercadre de 32,5mm (la partition comblant les quelques millimètres restant.
LES ENTREES : J'ai opté pour 2 entrées sur la longueur de de la ruche. Tout d'abord, sur le grand côté plutôt que sur le petit côté, pour être en bâtisse froides (rayons perpendiculaires à l'entrée, assurant une meilleure ventillation). Une deuxième entrée permet aux abeilles de venir directement placer le miel au fond de la ruche en période de forte miellée, et permet éventuellement de séparer la ruche en deux.
Une ruche bien trapézoïdale. Théoriquement, l'angle devrait être de 60°C... il est ici de 70°, les parois sont donc un peu plus pentues que prévu. Mais la volonté est là !
La ruche avec ses 26 barrettes, dont une transformée en partition. Mon menuisier ayant un peu trop raboté les barrettes, on observe une légère ouverture (2mm) entre chacune, au lieu d'être jointive... Grrrrr.....
L'intérieur de la ruche, avec la partition mobile. On note la nouvelle petite fantaisie de mon menuisier : pas de feuillure, mais un tasseau pour supporter les barrrettes... Arg...
Mon mélange maison pour huiler les ruches, solide à température ambiante. Pour confectionner le mélange, je fais tout d'abord fondre la cire au bain marie, je rajoute ensuite l'huile de soja en continuant de chauffer au bain marie jusqu'à ce que le mélange soit homogène.