DIY : Comment construire un thially 100% naturel !
Publié le 8 Mars 2015
Dans l'article précédent je vous montrais mes jolis petits thially pour protéger mes ruches du soleil, et le grand thially que Moussa m'a fait, tout cela en 2 jours top chrono. Je suis sûr que les plus bricoleurs d'entre vous ont été impressionnés par la facilité avec laquelle Moussa a opéré, sans bricomarché à proximité... J'avoue, j'ai été bluffée moi aussi. Même si j'étais habituée à voir ces abris en paille, je n'avais jamais assisté à leur réalisation. Je me posais donc plein de questions stupides, du genre "Mais comment on fait une corde avec un morceau de bois ???" ou encore "Mais comment fait-on un ballot de paille sans machine à rouleau ????".
Du coup, j'ai joué les apprentis avec Moussa, et je vous dévoile ici tout ce qu'il faut savoir pour faire vous même votre thially à partir d'éléments naturels. Evidemment, il faut avoir une forêt à proximité et bien choisir les espèces d'arbres selon les régions. Il faut aussi avoir un bon coupe-coupe et un sacré poignet... ou un Moussa sous la main, c'est selon. Pour ma part, j'ai choisi le Moussa, super efficace, rapide et toujours souriant ! Pour les matières premières, le "magasin" se trouvait à moins de 100m, un petit tour en vélo et hop, on ramène le tout pour 0€ transport inclus !
La paille
Il s'agit d'une paille spécifique (dont je ne saurais vous dire l'espèce hélas) qui pousse près des mares et peut faire jusqu'à 3 m de haut. Une faucille suffit à couper les herbes à 30cm du sol. On place les herbes en tas sur des lanières que l'on noue pour en faire des ballots plus ou moins gros selon la force de celui ou celle qui devra porter le tout. On stocke les ballots debout, les uns contre les autres, ça tient tout seul !
Fauchage de la paille à l'aide d'une faucille, jusque là ça va... mais mieux vaut prévoir la veste avec les manches, parce que la paille ça gratte !
On fait des petits bouquets de paille à l'aide de lanières en feuille de rônier... quoi comment, des feuilles de quoi ??? Pas de panique, je vous explique plus bas.
C'est bien joli de faire des bouquets, mais ensuite faut les transporter... sur la tête ! J'ai essayé, c'est rigolo. Le plus dur est d'arriver à mettre le ballot sur la tête, et de le reposer sans tout faire tomber !
Le bois
Sur mon terrain, deux espèces sont particulièrement intéressantes pour la construction. Le Mitragyna inermis est un arbre de 8 à 10m de haut, très ramifié à la base, qui produit de longues tiges fines et très droites. On le trouve au bord des cours ou des mares, il supporte les inondations temporaires. On peut couper les petites tiges ou les rejets sans danger pour la survie de l'arbre. Son bois est dur, résistant à l'eau et aux termites. Lorsqu'il est frais, il est souple ce qui permet de lui donner la forme de notre choix. L'Anogeissus leiocarpus est un grand arbre de 25 à 40m de haut, présent dans les forêts galeries. Son bois est lourd et dur, résistant aux insectes, il fait de très bons poteaux. Evidemment, couper de grosses branches d'Anogeissus c'est pas génial... mais puisque le bois est très durable, l'investissement est acceptable si le nombre d'arbre de cette espèce est suffisant. Et sur mon terrain des Anogeissus, il y en a un paquet ! Donc pas de soucis, et je m'assurerai d'en planter dans mes haies permacoles ;-)
Pour les grands thially, les poteaux sont généralement des grosses branches d'Anogeissus leiocarpus, avec une tête en Y
La sangle en feuille de rônier
Ah, on en vient enfin à ma plus grande découverte : j'ai vu comment on obtient des lanières à partir des feuilles de palmier rônier. Dingue ! Alors voilà, je vous explique. Les feuilles de palmier sont en éventail, avec un limbe très fortement découpé. Il faut tout d'abord prendre 2 "dents" d'une feuille et les détacher de l'ensemble. Ensuite, on sépare les 2 dents avec le coupe-coupe, jusqu'à environ 10cm de la base. On fait une boucle avec la dent du dessus, du côté de la base, puis on plie cette base dure sur la 2e dent. On passe la 2e dent dans la 1ere boucle, en faisant attention à garder la base pliée dans la 2e boucle créée. On tire doucement les deux dents jusqu'à ce que la base soit bien coincée dans le noeud. Et voilà ! Bon, je sens qu'avec les photos ça ira mieux :
Le "noeud de rônier" en photo, je maîtrise ;-)
Lorsque l'on prépare plusieurs sangles, on les plie en deux et on les regroupe en bouquet... c'est trop beau !
Allez, je vous dévoile un autre secret : pour attacher les gros morceaux de bois, on utilise une feuille de rônier pas encore ouverte, car elle est encore plus souple.
On écarte un peu et on déchire les dents de la feuille une à une. On peut les laisser telles quelles ou bien faire un noeud de rônier. En plus, même si on a coupé toute la feuille pour quelques sangles, ce n'est pas gâché : il suffira de les tremper dans l'eau pour leur redonner leur souplesse ! Merveilleux...
La corde en Piliostigma
Alors que Moussa rapportait un ballot de paille sur la tête, il me dit "Attends, j'ai besoin d'une corde". Moi : "Euh, où ça ????". Il posa la paille, prit son coupe-coupe, et trancha d'un seul coup un pied de Piliostigma. Ok mais encore ? Moussa coupa en deux la tige, puis la frappa sur un tronc d'arbre, la tordit, et détacha progressivement les fibres coincées entre l'écorce et le "coeur". Ah.... trop fort Moussa !!!!
Pour le coup, la méthode me semble un peu radicale pour les bébés Piliostogma, tout ça pour quelques bouts de corde plate. Certes solide, mais bon... si j'avais dû couper un pied pour chacun de mes 14 thially, ça m'aurait quand même fait mal... du coup, j'ai préféré recycler une veille ficelle d'un filet de pêche coincé dans le canal. Comme ça on recycle, et on supprime se foutu filet dans lequel les oiseaux venaient se piéger.
Besoin d'une corde ? Pas de problème, le Piliostigma est là, la corde est cachée dedans...
Comme je ne voulais pas couper tous les Pilostigma de mon terrain, j'ai fait du recyclage de vieux filets de pêche.
Pour un petit thially vous avez besoin de :
- 1 ballot de paille
- 6 baguettes de Mitragyna inermis
- 10 cordes de Piliostigma ou ficelles recyclées
- 1 coupe-coupe
On ajuste les tiges de Mitragyna à la bonne longueur et on les fixe à l'aide de la corde en Piliostigma.
On étale la paille par dessus, que l'on prend en sandwich avec les 2 dernières tiges de Mitragyna. On noue le tout avec la corde de Piliostigma, ou de la ficelle, selon ce qu'on a sous la main.
- 9 poteaux d'Anogeissus en Y (2 à 2,5m)
- 3 longues poutres d'Anogeissus (4,5m)
- )
- , 1 enfant léger, 1 râteau, 1 décamètre
On pose les poteaux dans les trous et les grosses poutres par dessus, sans rien fixer, pour bien ajuster la structure. On remet la terre dans les trous, et hop, ça tient tout seul !
On fixe ensuite les poutres avec les lanières de feuilles de rônier non matures. La forme du noeud est libre, mais faut bien serrer ;-)
Puis on balance la paille sur le toit. C'est là qu'intervient l'enfant, qui grimpe sur la structure encore "dansante" pour attacher la paille par dessus.