Huile de coco vierge, fait maison !
Publié le 14 Juin 2015
Voilà maintenant plusieurs mois que je m'essaie à l'extraction de l'huile de coco vierge. Cette huile est issue de la fermentation de la chair de noix de coco fraîche, ce qui en fait une huile de grande qualité, utilisée dans l'alimentation crue ou pour la cosmétique. En ce qui me concerne, j'utilise l'huile de coco pour mes savons faits maison, car elle durcit le savon tout en procurant une mousse agréable... je vous expliquerai bientôt comment je réalise mes savons, mais en attendant, voici une méthode très simple pour obtenir une huile de coco merveilleuse !
La méthode d'extraction utilisée est dite de "broyage humide". Il s'agit d'une méthode à froid bien sûr, à partir de la chair de coco fraîche (donc non préalablement séchée, qu'on appelle alors coprah). Elle consiste à broyer la chair fraîche et en extraire le lait, puis à laisser fermenter ce dernier à une température de 35°C : l'huile se sépare d'elle-même de la phase aqueuse et des protéines au bout de 24-36h. Ce n'est pas plus compliqué que ça, ne demande pas de matériel spécifique, si ce n'est un bon mixer pour aller plus vite.
Les ingrédients :
- 2 grosses noix de coco matures (soit 600g de chair),
- L'eau issue des noix de coco (c'est important de l'utiliser car elle fait office de ferment naturel),
- De l'eau minérale pour compléter (pas d'eau du robinet chlorée). Je compte en tout autant d'eau que de chair de coco (donc 600ml d'eau).
- ou mixer ou râpe,
- 2 Saladiers,
- 1 tamis fin,
- 1 grand couteau,
- 1 couteau-suisse,
- 1 tissu à large maille pour presser la pulpe,
- 1 pot en verre d'1kg,
- 2 pots en verre de 500g,
- 1 seringue de 10ml,
- 2 filtres à café.
Parce qu'il n'y a pas de honte à ne pas savoir ouvrir une noix de coco, voici une méthode vraiment efficace qui permet d'épater vos convives, sans casser la moitié de vos outils ni vous couper un bras. Bien sûr, il y a l'option de tout péter par terre, mais on n'est pas des sauvages !
En plus, vous aurez la satisfaction de pouvoir utiliser les coques intactes en porte-savon, en boîte à bijoux, en bol à soupe, en pot de fleur, ou encore en moule à bougie... je sais je sais, vous en rêviez, j'y ai pensé ;-)
Nettoyer et brosser la noix de coco en retirant un maximum de fibres afin de dégager les 3 yeux de la noix. Sur les 3 yeux, 1 seul se perce facilement... lequel ???
La noix est séparée en 3 parties, chacune d'elle comprenant 1 oeil. 2 parties sont petites et de même taille, la 3e partie est plus grande. Cette 3e partie est la plus fragile, vous pouvez percer l'oeil facilement avec une pointe (poinçon d'un couteau-suisse par exemple)
Tapez avec le plat d'un grand couteau, tout autour de la noix. Vous verrez, ça se casse tout seul... ou pas ! Il faut parfois plusieurs tours avant que la coque ne cède. Résistez à l'envie de fracasser la noix contre le mur ou de la faire tomber du 2e étage, vous y êtes presque !
Maintenant, glissez un couteau entre la chair et la coque, puis tournez délicatement jusqu'à détacher la chair. Vous verrez, ça vient tout seul... ou pas !
Celle-ci c'est détachée sans problème. Au cas où la chair serait tenace, résistez encore une fois à l'appel du 2e étage... Détachez le fonds avec une petite cuiller solide, ça ira mieux qu'avec le couteau.
Pour cette étape, je préfère utiliser le blender. J'ai une fois utilisé l'extracteur de jus, mais j'ai trouvé que la pulpe surchauffait pendant le processus... et le mélange n'a pas fermenté... mystère.
Je conserve également la "peau" marron autour de la chair, car c'est assez laborieux à retirer et diminuerai le rendement sans raison valable.
Placer la moitié de la chair dans le bol du blender et recouvrez avec 300g d'eau (coco + minérale au besoin). Mixez environ 30 secondes à puissance maximale afin que le mélange ne surchauffe pas. Faites de même avec la deuxième moitié.
Le lait de coco s'écoule plus ou moins facilement selon la taille des mailles du tissu. Si les mailles sont trop serrées, votre rendement sera plus faible.
Pressez fortement le tissu pour extraire le maximum de lait. Je presse et represse par petite poignée jusqu'à ce qu'aucun liquide ne sorte. L'opération me prend bien 15 min.
Voici ce qu'il reste de la chair, plus ou moins dégraissée selon la puissance du pressage. Si quelqu'un a une idée pour valoriser ça, je suis tout ouïe...
Versez le lait dans un pot en verre non couvert et placez ce dernier dans un endroit chaud (environ 35°C). Pour moi se sera sur la terrasse... 40° à l'ombre, je crois que ça ira !
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Au départ, le lait est homogène. Vous pouvez le goûtez, c'est délicieux ! Mais ne buvez pas tout non plus... Pour ceux qui n'ont pas la "chance" de vivre à 40°C en permanence, vous pouvez placer votre pot dans un endroit chaud, voire dans une glacière avec une bouillotte.
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1h plus tard... les 2 phases apparaissent rapidement : le petit lait en bas, et le mélange huile-protéine en haut.
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5h plus tard... Le mélange huile-protéines est plus crémeux, l'odeur est douce et agréable. Des bulles apparaissent, la fermentation commence !
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8h plus tard... ça carbure ! Le mélange huile-protéine gonfle, il faut donc avoir été prudent et ne pas avoir trop rempli le pot au départ. L'odeur reste agréable.
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24h plus tard... la phase crémeuse s'est séparée en 2 : les protéines surnagent et forment de petits agglomérats, et l'huile est prise au piège entre les protéines et le petit lait. L'odeur de fermenté s'est accentué mais reste agréable. Au fond, on remarque également un dépôt composé des petites particules solides passées au travers du tamis.
C'est l'étape la plus délicate, car il faut prélever l'huile sans toucher à la phase aqueuse en dessous, et en éliminant les protéines. Il faut donc user d'ingéniosité pour retirer la couche protéique et aspirer un maximum d'huile.
Pour des petites quantités, utiliser une seringue est une bonne solution. Je mets de côté la couche protéique, qui contient encore de l'huile, pour une extraction à chaud. Je conserve cette huile à part et l'utilise
pour la fabrication de savon.Pour finir, vous pouvez faire chauffer très légèrement l'huile vierge au bain-marie (60°C), afin de faire évaporer les éventuelles traces d'eau, qui pourraient faire rancir l'huile. Personnellement je ne le fait pas, car je fais très attention en prélevant l'huile et je vérifie qu'il n'y ai aucun dépôt au fond du pot. J'ai conservé 1/2L d'huile vierge pendant 4 mois sans aucun problème, à une température ambiante de 35°C !
Retirez la couche protéique grossièrement, à la petite cuiller, afin de dégager l'huile. Conservez les protéines dans un bol, on pourra encore en extraire de l'huile à chaud par la suite.
A la seringue, prélever l'huile en faisant bien attention de ne pas prendre de l'eau en même temps. Si vous aspirez quelques amas de protéines, ce n'est pas grave, ils seront retenus pas le filtre. Si vous aspirez de l'eau, vous serez bon pour un refiltrage ou un tour de bain-marie !
Vous constatez que l'huile vierge est transparente alors que celle extraite à chaud est jaune pâle. Les deux huiles sont liquides à plus de 25°C, et se figent en une masse blanche en dessous. J'ai dû mettre l'échantillon au frigo pour obtenir ce résultat bien sûr... 25°C, un rêve inaccessible à Tamba !
Son odeur est beaucoup plus discrète mais elle ressort plus une fois appliquée sur la peau... un délice ! Par contre, le rendement est assez faible
... j'obtiens jusqu'à 100 ml d'huile à partir de mes 600g de chair au départ, ce qui signifie que pour 1L d'huile il me faut au moins 20 noix de coco. J'arrive à augmenter le rendement total à 20% en extrayant le reste d'huile piégé dans les protéines à chaud... vu le travail que cela représente, faut pas gâcher quand même !Je vous invite à jeter un oeil au site "Les abeilles de Lifou", où un apiculteur en Nouvelle-Calédonie présente aussi sa méthode pour réaliser l'huile vierge de coco. Vous y verrez une râpe faite à partir d'une machine à laver, qui m'a l'air pas mal du tout pour les grosses quantités de coco. Quand j'aurai planté mes cocotiers, j'espère bien moi-aussi avoir un jour des brouettes de noix de coco ! ;-)
D'ailleurs Cyrille, il me semble que Lifou n'est pas très très loin de ta future destination... au cas où tu chercherais un endroit sympa pour faire du wwoofing ;-)
Faire de l'huile de coco vierge - les abeilles de Lifou
Hello la famille ! Voilà plus d'un an qu'un ingrédient local est venu bonifier mes préparations cosmétiques apicoles : l'huile de coco vierge, obtenue par fermentation, extraite à froid... A ...
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