Comment pêcher avec une nasse ?

Publié le 22 Octobre 2015

Comment pêcher avec une nasse ?

Le mois dernier, j'avais été initiée à la pêche par Moussa, avec deux techniques très différentes : la classique pêche au filet, et l'originale pêche au coupe-coupe. Pour compléter ma formation, j'ai donc accompagné Moussa à la pêche à la nasse, autrement dit avec un piège (oui moi non plus, il y a cinq minutes, je ne savais pas que ça s'appelait une nasse... merci Wikipedia !). J'avais souvent vu ces pièges traîner à droite à gauche, accrochés à un arbre (dans le Boundou par exemple), mais je n'avais jamais eu l'occasion de les voir fonctionner. Heureusement, Moussa est là pour me donner des cours de rattrapage. D'ici l'année prochaine je saurais tout faire comme une vraie broussarde !

Donc, comment ça marche cette histoire là... Les pièges sont utilisés dans des eaux peu agitées et peu profondes, par exemple sur les berges inondées du fleuve Gambie en cette fin d'hivernage. Ils sont déposés le soir avec un appât à l'intérieur, juste avant le coucher du soleil : s'ils étaient déposés plus tôt, les alevins mangeraient tous les appâts, alors que le soir seul les gros poissons sont attrapés. Les pièges sont ensuite relevés au petit matin, le plus tôt possible pour pouvoir vendre le poisson frais au marché.

Le piège est réalisé à partir de branche de kinkeliba (Combretum micranthum) et de fils noués à la main (si si, ça occupe !)

Le piège est réalisé à partir de branche de kinkeliba (Combretum micranthum) et de fils noués à la main (si si, ça occupe !)

Le piège possède 2 entrées en entonnoir : les mailles sont plus larges au fond de l'entonnoir, ce qui fait que les poissons arrivent à rentrer en poussant, mais pas à ressortir.

Le piège possède 2 entrées en entonnoir : les mailles sont plus larges au fond de l'entonnoir, ce qui fait que les poissons arrivent à rentrer en poussant, mais pas à ressortir.

Les appâts : une pâte à base de son de mil. La recette : faire bouillir de l'eau, ajouter le son en remuant jusqu'à obtenir une pâte épaisse, puis verser la bouillie dans un sac. Presser le sac et découper la galette en morceaux.

Les appâts : une pâte à base de son de mil. La recette : faire bouillir de l'eau, ajouter le son en remuant jusqu'à obtenir une pâte épaisse, puis verser la bouillie dans un sac. Presser le sac et découper la galette en morceaux.

On dépose 3 appâts au fond de la nasse.

On dépose 3 appâts au fond de la nasse.

On referme bien sûr le trou du haut (qui sert à vider le panier) pour ne pas que les poissons s'échappent.

On referme bien sûr le trou du haut (qui sert à vider le panier) pour ne pas que les poissons s'échappent.

On dépose le panier au sol dans un endroit peu profond et bien stable.

On dépose le panier au sol dans un endroit peu profond et bien stable.

On pose une pierre dessus pour le lester. Il faut également attacher une petite ficelle à un arbre, des fois qu'un gros poisson prisonnier décide de partir avec le panier... j'ai du mal à l'imaginer, mais il parait que ça arrive !

On pose une pierre dessus pour le lester. Il faut également attacher une petite ficelle à un arbre, des fois qu'un gros poisson prisonnier décide de partir avec le panier... j'ai du mal à l'imaginer, mais il parait que ça arrive !

Les pièges sont relevés au petit matin pour être à l'heure au marché de Koina. Départ du village en vélo à 6h, retour à 7h30.

Les pièges sont relevés au petit matin pour être à l'heure au marché de Koina. Départ du village en vélo à 6h, retour à 7h30.

Les pièges capturent en moyenne 1 kg de poissons de toutes sortes.

Les pièges capturent en moyenne 1 kg de poissons de toutes sortes.

Au retour, Moussa vérifie les filets à grandes mailles... ah on a trouvé le repas de midi !

Au retour, Moussa vérifie les filets à grandes mailles... ah on a trouvé le repas de midi !

De retour sur la terre ferme, il faut maintenant trier les poissons : les gros sont emmenés au marché tandis que les tout petits sont relâchés.

De retour sur la terre ferme, il faut maintenant trier les poissons : les gros sont emmenés au marché tandis que les tout petits sont relâchés.

En ce moment, les hommes pêchent en permanence car ils profitent d'avoir un peu de temps libre avant la période des récoltes (mil, maïs et arachide). Le fleuve regorge de poissons à cette saison et les prises sont faciles. De plus, avec la peur de l'hippopotame de Gouloumbou, la plupart des villageois n'ose plus s'aventurer dans le fleuve... Seules les quelques familles qui possèdent de grosses pirogues continuent d'aller dans le fleuve, la pression de la pêche est donc heureusement assez limitée.

A kourientine, les pêcheurs consomment une grande partie de leurs poissons, et vendent le reste au marché de Koina, petit village gambien à 7km de là. Le kilo de poisson y est vendu à 500F, et tout part facilement : Koina est un village d'immigrés qui payent le poisson pour le riz du midi chaque jour. Avec des prises variant entre 5 et 10kg, cela fait un revenu quotidien de 2500F à 5000F (7,5€) pour environ 4h de boulot... de quoi donner envie de s'y mettre ! Peut-être pas pour moi, j'ai un peu du mal avec le cri du poisson qui suffoque et frétille dans la barque, ou encore avec le fait de devoir péter les nageoires des idiots qui se sont coincés dans les mailles... En tout cas, je comprends que Moussa en profite, ça aide à gérer les petits problèmes familiaux. En plus, c'est tellement sympa de se balader sur le fleuve au lever et au coucher du soleil... je crois qu'il y a pire comme boulot, non ?

Rédigé par Claire

Publié dans #La vie là bas

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