De retour à Kourientine
Publié le 3 Octobre 2015
Après pratiquement 2 mois d'absence, entre les vacances en France et mes déboires pour mon passeport à Dakar, me voici enfin de retour en brousse ! J'avais bien sûr déjà eu Moussa au téléphone, qui m'avait donné quelques nouvelles : il n'avait pas arrêté de pleuvoir depuis mon départ et le fleuve montait dangereusement ces derniers jours. Il m'annonça même quelques "surprises" dans les ruches, mais sans me préciser lesquelles... histoire de me pas porter la poisse aux nouvelles colonies. Evidemment, j'étais très impatiente de voir mes abeilles, de suivre l'état de mes premières plantations et de surveiller si le fleuve n'allait pas inonder mon terrain.
Sur ce dernier point, j'ai été tout de suite rassurée, car bien que de nombreux sites près du fleuve soient inondés, mon terrain est toujours à l'abri des eaux. Le fleuve a presque atteint le niveau de 2003 (dernières grandes inondations) mais il reste encore quelques mètres de marge. OUF ! Par contre, qui dit fortes pluies dit explosion de la végétation et des populations d'insectes... Trouver son chemin dans les hautes herbes mouillées, pédaler dans la boue, combattre les moustiques et les petites mouches qui grattent... bref, on passe du désert sahélien à la jungle amazonienne en quelques semaines !
Concernant mes essais de plantation, les résultats ne sont pas si mal que ça. Les premiers semis directs de Moringa et de jujubiers se portent bien, mais végètent un peu. Je mets cela sur le compte du sol complètement saturé en eau, et j'espère qu'avec la fin de la saison des pluies ils grandiront suffisamment pour supporter la saison sèche. Par contre, tout ce que nous avions semé début août n'a pas pu germer : trop d'eau, les graines ont toutes pourri, dommage !
Quant aux fromagers (Ceiba pentandra) que nous avons repiqué, ils sont encore petits mais magnifiques ! On peut même dire que nous leur avons sauvé la vie, car le site où nous les avions prélevés est complètement inondé aujourd'hui ! J'ai donc une dizaine de bébés fromagers sur mon terrain, de quoi donner de l'ombre et des fleurs à mes abeilles d'ici 5 ans, si tout se passe bien d'ici là.
Jeunes jujubiers (Ziziphus mauritiana) de semis direct, qui peinent à se développer à cause du sol trop humide
Jeunes Moringa de semis direct qui poussent malgré les hautes herbes qui les entourent. Heureusement que Moussa les a tous dégagés au fur et à mesure, sinon nous aurions été incapables de les retrouver !
Et les ruches alors ? Là je dois dire qu'il y a eu de bonnes surprises : 6 nouvelles colonies sont venues dans mes ruches en septembre, 3 dans les Kenyanes et 3 dans les Warré. Malheureusement, 2 colonies trop faibles ont déserté suite à une invasion de fausse-teigne... foutues bestioles ! Heureusement, les autres colonies vont bien, malgré l'abondance de fourmis, termites, grands et petits coléoptères, papillons sphinx et compagnie. Vivement que les pluies finissent et que tous ces parasites se barrent !
En tout, j'en suis donc à 9 colonies peuplées naturellement sur mes 24 ruches présentes sur le terrain. Ce n'est pas encore la panacée, mais on ne peut guère faire mieux pour le moment. Pourtant, nous ne ménageons pas nos efforts Moussa et moi : les ruches vides doivent être constamment nettoyées et enfumées pour donner envie aux abeilles d'y venir, voire déplacées si l'endroit pose problème. A plusieurs reprises nous avons dû déloger Maman Lérot et des colonies de fourmis, chasser geckos et araignées, qui rendaient les ruches inhabitables pour les abeilles. Certaines ruches ont été nettoyées chaque semaine pendant tout l'hivernage ! De plus, la plupart des ruches prenait l'eau malgré le toit en tôle (fendu par le bois qui gonfle) et il a fallu rapporter des bâches en plastique pour réparer tout ça. Sans compter le désherbage des pourtours des ruches et des chemins pour se rendre au rucher. Bref, un travail de fou, mais Moussa et moi apprenons de nos erreurs, et je pense que nous serons plus efficace les années à venir.
Une erreur de locataire dans la ruche de Jean-Marie... Je crois que j'ai prévu l'entrée un peu trop grande !
Nouvelle technique anti-fourmis : badigeonner le support avec de la graisse. Ca a l'air de marcher pour le moment...
Pour finir, voici quelques photos prises au cours de nos sorties au rucher et près du fleuve, pour vous imprégner de cette ambiance chaude et humide du mois de septembre. Ne loupez pas les cours de pêche donnés par Moussa, avec cette semaine deux techniques très différentes : le pêche au coupe-coupe dans la forêt galerie inondée, et la pêche aux gros poissons dans la mare. Enjoy ! ;-)
Des fourmis rescapées sur un piquet de bois... mais pas pour longtemps, les poissons s'en prennent à leurs oeufs !