Formation apicole à Kedougou (4)

Publié le 26 Mai 2017

Formation apicole à Kedougou (4)

Nous voilà déjà arrivés à la fin du mois de mai, à la fin de la saison sèche, et aussi à la fin de la saga apicole de Kédougou. Oh... pas déjà la fin ?!? Et si... enfin pour le moment, car la formation ISETA-3FPT était prévue pour 4 mois seulement, ce qui était déjà en soi un challenge suffisamment grand pour moi ! Après avoir amené mon groupe de 25 étudiants novices à découvrir le monde des abeilles, à mettre les mains dans les ruches et à apprécier le miel fraîchement récolté, il était temps de conclure en leur laissant le maximum d'outils pour valoriser leurs connaissances et leur savoir-faire.

Pour cette dernière semaine de cours, les objectifs étaient nombreux : traiter et conditionner le miel, analyser la qualité du miel, savoir utiliser et transformer la cire, mais aussi apprendre à monter son propre projet personnel et à réaliser les démarches administratives obligatoires. Tout cela avec le stress des évaluations finales, autant pour eux que pour moi, qui n'avais encore jamais été dans la chaise de l'évaluateur.

Mise en bouteille du miel

Mise en bouteille du miel

La semaine commença donc par la mise en bouteille du miel de Victorin, récolté 15 jours auparavant. Un grand moment de patience... puisque l'entonnoir que j'avais acheté avait une ouverture trop petite laisser passer convenablement le miel visqueux de cette fin de saison sèche. Première boulette ! Les étudiants mirent malgré tout 12L de miel en bouteille, ce qui leur permis de faire une séance défilé photo en brandissant fièrement une bouteille de miel pur et limpide. Photos qui n'ont pas tardé à se retrouver sur leur mur Facebook, évidemment !

Puis nous enchaînâmes (petite pensée pour Jean-Jacques... passé simple et 2 accents circonflexes, pas mal non ?) avec un cours d'analyse du miel et une première évaluation pour mes élèves. Au menu du jour : analyse physico-chimique (humidité, pH) et analyse sensorielle (aspect, description de l'odeur et du goût). Les étudiants furent donc divisés en 3 groupes afin d'analyser la qualité de 3 miels différents d'origine inconnue.

Tout se passa bien jusqu'au moment où je lus les résultats des étudiants du groupe 1, à qui j'avais donné mon propre miel sans qu'ils le sachent. "Un miel de qualité moyenne et au goût trop doux...". Voilà voilà... prends ça ma fille... Bon en même temps je leur pardonne, car ils n'avaient jusqu'alors jamais goûté d'autre miel que celui que Kédougou, qui est un miel très fort en goût. Tellement fort d'ailleurs que ceux qui n'y sont pas habitués le trouvent "bizarre". Nous sommes donc quitte !

Test du pourcentage d'humidité au réfractomètre
Test du pourcentage d'humidité au réfractomètre
Test du pourcentage d'humidité au réfractomètre

Test du pourcentage d'humidité au réfractomètre

Analyse du miel par groupe... couleur, odeur, goût, pas si simple de décrire un miel !

Analyse du miel par groupe... couleur, odeur, goût, pas si simple de décrire un miel !

Le moment le plus attendu, la dégustation !

Le moment le plus attendu, la dégustation !

Finalement, le dernier cours pratique fut la transformation des produits de la ruche. J'avais choisis de mettre l'accent sur la cire, qui est une matière complètement ignorée par les apiculteurs de la région. Je voulais donc montrer aux étudiants à quoi pouvait leur servir la cire d'abeille, en réalisant des bougies et des baumes. Je leur montrai également comment réaliser des savons au miel et au karité. J'avais même amené ma précieuse huile de coco maison dans une bouteille en verre, mais malheureusement le chauffeur de 7-places fit tomber ma valise par terre... 2e boulette. Ce qui m'obligea à changer ma recette avec de l'huile de palme, mais malheureusement encore, je me mélangeai les pinceaux entre l'huile de palme et l'huile palmiste pour calculer la quantité de soude... 3e boulette !

Malgré tout, les étudiants furent très contents de découvrir ces produits, et je suis sûre qu'ils réessaieront chez eux très vite. Les échantillons réalisés en cours disparurent d'ailleurs très rapidement !

Coulage de la cire dans les moules à bougie

Coulage de la cire dans les moules à bougie

Différents moules pour différentes bougies...

Différents moules pour différentes bougies...

Bougie coulée dans un verre à thé, pratique... et réutilisable !

Bougie coulée dans un verre à thé, pratique... et réutilisable !

Préparation d'un baume au karité et à la cire d'abeille

Préparation d'un baume au karité et à la cire d'abeille

Makhan tente de battre le record du savon fouetté ;-)

Makhan tente de battre le record du savon fouetté ;-)

Coulage du savon dans les petits moules en silicone

Coulage du savon dans les petits moules en silicone

La star de la séance, la bougie "Ruche en paille", un grand classique ;-)

La star de la séance, la bougie "Ruche en paille", un grand classique ;-)

L'avant dernier jour, je programmai la fameuse évaluation orale pour la partie théorique de l'enseignement. Si jusqu'à présent je m'étais bien débrouillée pour évaluer les étudiants pendant les cours pratiques, je ne pouvais pas faire autrement que de leur faire passer un oral pour évaluer leurs connaissances sur l'abeille et les plantes mellifères.

Je m'étais creusée la tête un bon moment pour savoir quelle forme aurait cet oral, et finalement j'optai pour une explication de photo. Les étudiants devaient tirer au sort une photo, réfléchir pendant 5 minutes sur tout ce qu'ils pouvaient observer sur cette photo, puis m'expliquer ce qu'ils voyaient en essayant de faire ressortir un maximum de connaissances. Enfin, je leur posai quelques questions complémentaires sur les sujets qui n'étaient pas abordés sur la photo.

Personnellement, j'ai beaucoup apprécié cet exercice, très varié, qui permet d'aborder de nombreux sujets et de mener l'interrogatoire de manière ouverte. Pour l'évaluation, j'avais installé mon ordinateur de telle sorte que je pouvais taper sans regarder un code binaire formé de 1 pour chaque bonne réponse, et de 0 pour chaque erreur... ce qui me permit par la suite, après une brillante analyse de chiffres, de mettre à chacun une note sur 20.

L'exercice pouvait paraître simple, pourtant, pour les étudiants, la chose ne fut pas aisée. En effet, ils étaient peu habitués à passer des oraux, et pour certains qui avaient laissé l'école très tôt, il s'agissait même de leur tout premier oral. STRESSS ! Malgré tout, la plupart s'en sortit très bien, et pour les autres cela leur aura donné une première expérience.

En tout cas, il me reste maintenant à boucler les bulletins de notes et le rapport de formation, et nous verrons dans peu de temps qui aura son diplôme d'apiculteur. Espérons que la fin de cette formation ne soit que le début d'une nouvelle aventure pour eux, le début d'une passion pour les abeilles, le début d'un projet personnel, qui leur permettra j'espère de développer l'activité apicole dans la région de Kédougou.

Rédigé par Claire

Publié dans #Apiculture

Commenter cet article