La culture d'Artemisia annua : la pépinière (1)
Publié le 28 Septembre 2017
Au début de l’année, je m’étais décidée à passer commande à l’association ANAMED pour un « Starter Kit Artemisia annua », mais je n’eus pas le temps de m’en occuper avant cet hivernage. J’avais eu vent de leurs travaux sur les plantes médicinales par différentes personnes, et leur documentation avait l’air bien faite. Certes, le Kit était un peu cher pour mes petits moyens, mais je décidai de le prendre tout de même pour assurer la réussite de ce nouveau petit projet TRES important pour moi : la culture de l’Armoise annuelle Artemisia annua comme plante médicinale pour traiter le paludisme. Vous vous doutez évidemment qu’au Sénégal cette maladie fait des ravages et je n’y ai moi-même pas échappé…
Alors, pourquoi cette espèce en particulier ? Pourquoi cette variété proposée par ANAMED ? Est-ce suffisamment efficace ? Eh bien pour faire court, l’armoise annuelle produit une substance nommée « Artémisine » qui est actuellement utilisée dans la plupart des antipaludéens vendus au Sénégal (j’ai vérifié sur le mien, c’est bien le cas !). ANAMED (Action pour la médecine naturelle) utilise depuis plusieurs décennies l’armoise annuelle sous forme de tisane de feuilles pour traiter le paludisme avec un taux de réussite très élevé. A force de recherche et de sélection, cette association a créé une variété hybride nommée A-3 qui se cultive aisément en milieu tropical et qui contient un taux d’artéminisine beaucoup plus élevé que les variétés sauvages. Pour de plus amples informations, je vous laisse le soin de consulter le site d’ANAMED :
Bien que l’achat des graines au départ soit relativement onéreux, il suffit ensuite de reproduire l’Artemisia par bouturage de manière permanente et ainsi assurer un stock de feuilles suffisant pour traiter de nombreux malades. Mais avant d’en arriver là, il faut d’abord arriver à faire pousser les graines… et ce n’est pas une mince affaire ! Alors oui, heureusement que j’avais sous la main toutes les informations du Starter Kit pour m’en sortir !
Le Kit du débutant que j’ai reçu contient de nombreux documents, dont un guide de culture, les conseils d’utilisation de l’Armoise annuelle, et plusieurs livrets sur l’utilisation d’autres plantes médicinales très intéressants. Il contient évidemment la petite boîte de graines d’Artemisia A-3, des petits disques de terreau (pour un démarrage facile), et un sachet de tisane d’Artemisia (comme référence du produit final souhaité).
Après avoir pris connaissance des spécificités de cette plante à la germination difficile, je décidai de prendre l’option facile pour « Débutant nul en jardinage ». Autrement dit, la solution « Jiffy Pot ». Mais comme mon kit ne contenait que 7 disques, je n’avais pas vraiment droit à l’erreur ! J’ai donc scrupuleusement suivi les consignes que voici :
Voici un “Jiffy Pot” Recto/Verso. Il est en fibre de tourbe ou de noix de coco, ce qui forme un terreau idéal pour les jeunes pousses. La face avec le trou est celle à placer au-dessus, la face lisse en dessous.
Poussez délicatement le filet blanc sur le bord, pour laisser apparaître le terreau. Munissez-vous de votre sachet de graines… attention, soyez délicats, les graines sont minuscules !
Sous une bonne lumière, versez quelques graines sur une table propre et sèche, et prenez les graines 1 à 1 en appuyant doucement votre doigt humide dessus. Déposez-les ensuite à espace régulier sur le disque. On peut mettre ainsi 20 graines par disque.
La grande subtilité des graines d’Artemisia est qu’il ne faut en aucun cas les arroser par les dessus, au risque de tuer les jeunes pousses. Il faut donc se débrouiller pour que l’arrosage se fasse par le dessous… en plaçant le disque dans une soucoupe contenant de l’eau quelques minutes par jour. Le terreau de semis doit être très léger pour que l’eau arrive à remonter jusqu’au graines. Une autre contrainte est que la graine d’Artemisia a besoin de beaucoup de lumière pour germer : il faut donc placer le germoir en pleine lumière, mais pas trop au soleil non plus si ce dernier est trop chaud… pas simple tout ça !
Personnellement, j’ai dû m’y reprendre à 3 reprises avec les Jiffy pots. La première fois, j’ai laissé mon petit bol dehors au soleil et j’ai oublié de le rentrer avant la pluie. Ça c’est fait. La deuxième fois, je l’ai placé au soleil, je l’ai bien rentré chaque soir et en cas de pluie… mais le soleil était bien trop fort et une seule graine germa. La 3e fois, j’ai laissé le bol à l’ombre au bord de la fenêtre… et quelques graines germèrent. Malheureusement, les jiffy pots humides étaient très appréciés par pleins de petites bêtes qui finirent par attaquer les jeunes pousses. J’aurais peut-être dû mettre mes germoirs sous moustiquaire ? Bref, j’ai fini par laisser tomber le Jiffy Pot et j’ai opté pour la 2e solution préconisée dans le guide : le gobelet plastique préparé comme expliqué ci-dessous.
1) Percez le fond d’un verre en plastique – 2) Placez un morceau de coton épais au fond du verre – 3) Rajouter un terreau léger par-dessus le coton – 4) Vaporisez le terreau afin de l’humidifier avant d’y placer les graines
L’Artemisia germe entre 10 et 30°C. Plus la température est chaude et plus la germination sera rapide. Normalement, à 30°C, les jeunes pousses sont observables à partir du 3e jour. J’avoue que mes graines mirent beaucoup plus de temps à germer, surement du fait des fortes températures locales et peut-être aussi de l’humidité de l’hivernage, de la photopériode ou que sais-je encore. Ainsi, mes graines ont germé au fur et à mesure, à partir du 7e jour. Évidemment, pendant tout ce temps, il aura fallu surveiller « l’arrosage » en plaçant les gobelets dans un tupperware et en ajoutant régulièrement de l’eau au fond de ce dernier.
La germination a lieu entre 3 et 7 jours après le semis, en fonction de la température. 13 jours séparent la première photo de ce diaporama de la dernière.
Lorsque les jeunes poussent font plus de 3 cm de hauteur, c’est le moment de les transplanter dans des godets individuels. Pour cela, j’ai utilisé les sachets plastique de pépinière de 10 cm de haut, remplis de terreau. Le guide indique que les plantules peuvent être transplantée environ 4 semaines après le semis… mais dans mon cas j’ai dû attendre plus de 2 mois ! Je ne sais pas si ce temps de développement anormalement long est le fait de la période du semis ou bien de la qualité de mon travail.
Avec le recul, je pense que si les plantules mettent du temps à pousser, il ne faut pas attendre trop longtemps avant de les transplanter. En effet, plus on attend et plus les plantules ont un système racinaire développé, et il est ensuite bien difficile de déficeler les racines de différentes plantules lors du repiquage individuel. Malgré tout, Les plantules sont très robustes et ont toutes repris même si je coupais des racines.
Lorsque les plants atteignent 10 à 15 cm de hauteur, soit 2 mois après le semis, il faut alors les repiquer en pleine terre. Il faut normalement choisir un site qui soit bien ensoleillé… à moins d’être comme moi dans un pays très chaud : Il faut donc à ce moment-là préférer des sites ombragés. Il est également conseillé de préparé un large trou rempli de terreau, compost et autre terre riche.
J’avoue que je n’ai pas bien eu le temps, et j’ai commencé à repiqué sans précaution particulière si ce n’est en choisissant des endroits ombragés et humides… Mes 2 premiers Artemisia ne m’en ont pas tenu rigueur et ils se portent à merveille ! Je les arrose depuis tous les jours, et ils grandissent bien et vite. J’ai hâte de les voir devenir grand… il paraît qu’ils peuvent atteindre 3 m de haut !
Voilà pour ce premier article sur l’Artemisia. Mes premiers plants en pépinière grandissent et je devrais bientôt leur trouver une petite place dans mon jardin. La prochaine fois je vous montrerai comment entretenir les plantes. N’hésitez pas à réagir dans les commentaires, soit pour des plus amples informations, soit pour me faire part de vos expériences avec Artemisia annua.