Le Bilan 2017
Publié le 11 Janvier 2018
Nous y voilà, 2018 est déjà bien entamé, et je n’ai toujours pas rédigé mon bilan de fin d’année alors que vous attendez de mes nouvelles depuis déjà plusieurs mois. Moi qui suis d’ordinaire si prévoyante et organisée… je commence vraiment à prendre le pli sénégalais ! Pourtant, ce n’est pas faute de matière, j’ai en stock plus d’une dizaine d’idées d’article et un sacré paquet de photos non triées. 783 pour être précis. Mais comment donc vous expliquer…. Le temps sénégalais passe tellement vite et les contre-temps sont tellement nombreux !
Alors que j’ai 2 bonnes heures devant moi avant d’accueillir mes 2 premiers écovolontaires, je vais tâcher, de manière concise, de vous donner une idée de mon année 2017, des avancées, des retards, des réussites et des échecs, des nouveautés et des projets.
2017 commença donc par l’accueil, à Kourientine, de ma maman et de Pierre. Ils me tinrent compagnie pendant 1 mois et demi pendant que je puisais à la main 500L d’eau par jour pour arroser piments, choux et tomates. Un record d’inefficacité puisque les piments nous rapportèrent 45€ en 3 mois, que les tomates jaunirent et que les choux furent mangés par les chenilles avant même de pommer.
En mars, je commençai avec enthousiasme la formation en apiculture d’un groupe de jeunes à Kédougou, en partenariat avec ISETA (un institut privé de Tambacounda). Cette activité me demanda beaucoup de préparation et des allers-retours à Kédougou jusqu’au mois de mai, tout en récoltant seules mes propres ruches, puisque Moussa travaillait au campement de Gouloumbou depuis janvier. Je pus tout de même extraire une trentaine de litres de miel.
Pendant ce temps-là, Moussa avait organisé la construction de 2 nouvelles cases afin de créer une miellerie et une chambre d’amis. Je pus donc tester mon nouveau jouet, le Kinkajou, afin de créer des briques en verres à incruster dans le mur. Malheureusement, le maçon avança trop vite (pour une fois… décidément ce n’est jamais quand il faut !) et je ne pus fabriquer autant de briques que j’aurai voulu. Le résultat fut tout de même très joli et me donna de nouvelles idées pour de futures cases.
Côté projet, la construction du puits sur mon terrain (à 1km du village) commença enfin, 1 an après sa commande… le puisatier avait apporté tout le matériel l’année dernière, j’avais acheté le ciment et fait apporter sable et gravier… mais le puisatier tarda, puis le ramadan arriva, puis la saison des pluies arriva (pour creuser un puits c’est pas pratique), puis il fallut attendre que le niveau d’eau baisse, puis il fallut racheter le ciment car celui de l’année dernière avait pris l’humidité, puis il fallut de nouveau attendre le puisatier, puis le ramadan s’approcha de nouveau, mais le puisatier arriva enfin et creusa ce qu’il put quelques jours après de le début du jeune… Le puits est aujourd’hui à 13m de profondeur, avec une colonne d’eau d’1,5m. Ce qui est bien suffisant pour le moment, mais je me dis bien qu’il faudra un jour le surcreuser si nous voulons installer une pompe.
Après un petit séjour dans le Boundou sur la trace des grands mammifères (campagne annuelle de transect), je pus enfin commencer ma pépinière pour les plantations d’hivernage. Je fis donc germer toutes les graines que j’avais sous la main et que j’avais récupérées à droite et à gauche : jujubiers de Mauritanie, Balanites et baobabs du Boundou, fromagers de Kourientine, Aciacia mellifera d’Abdoulaye Sarr, manguiers, avocats et orangers du marché, Albizia et pois sabre de Joelle… Je débutais enfin ma pépinière d’Artemisia annua. De son côté, Moussa continua les petits aménagements de la maison et les travaux des champs.
En août, avec mes amis belges Yves, Erena et Isabelle, nous nous lançâmes dans un projet de collecte de fonds pour notre projet de production d’huile essentielles. La cagnotte ouverte sur Leechi nous permit de collecter presque 900€, avec lesquels nous pûmes acheter l’hydro distillateur. A ce jour, la machine est encore en Belgique, mais Isabelle devrait me l’apporter au mois de Mars… on croise les doigts, surtout Djambala !
Après un petit séjour estival en France à jouer à la marchande (en prévision du déménagement en Bretagne de maman et Pierre), la folie des plantations de me poursuivis et je fis donc pousser un peu de tout un peu partout. Je repiquai mes petits arbres sur le terrain afin de créer un début de haie mellifère. Même si l’hivernage fut peu pluvieux, les herbes grandirent vite et je passai de nombreuses heures à manier le coupe-coupe pour me frayer des passages en brousse. Je pense qu’un jour j’investirai dans un rotofil…
Pour la rentrée scolaire, le village accueillit un nouvel enseignant très dynamique, Mamadou Dieng, et nous eûmes le plaisir d’apprendre que l’association bourguignonne « A la Croisée des Ecoles Yonne-Sénégal », premier partenaire de l’école de Kourientine, appuierait les élèves en fournitures scolaires. Son représentant, Raymond Haddad, vint en personne et en 504 nous apporter un lot de cahiers, bics et ardoises pour les 50 écoliers, ainsi qu’un ballon de foot. Grosse ambiance au village qui n’avait jusqu’alors jamais eu de visite d’un partenaire !
Novembre arriva, le temps de la 2e récolte des ruches. Malheureusement, défaut de pluviométrie oblige, la production fut moyenne mais nous récoltâmes tout de même de magnifique rayons. Ce fut aussi l'occasion d'inaugurer la nouvelle miellerie toute belle toute propre !
Entre tout ça, je reçus la visite de Gabiel et ses amis, ce qui nous permis de faire une petite pause nature et quelques jolies observations… je vous laisse en profiter !
A vos jumelles !!!
Il y eu aussi l’épisode « Vipère heurtante » dans l’atelier. Une jolie belle vipère, accessoirement mortelle, vint s’installer dans la vielle bâtisse juste à côté de ma chambre. Après plusieurs semaines de cohabitation et plusieurs gri-gri complètement inefficaces pour la faire fuir, je finis par utiliser la bonne vieille technique du « seau retourné » pour la capturer et la relâcher près du fleuve. Elle ne revint jamais.
Vipère Heurtante (Bitis arienans). Sa morsure est mortelle, mais elle ne vous dira rien tant que nous ne touchez pas le bout de sa queue !
Ce n’est qu’en décembre que je finis complètement l’aménagement des 2 nouvelles cases. L’électricité fut installée et la case du fleuve est maintenant prête à accueillir ses premiers visiteurs (capacité d’acceuil de 3 personnes). Nous avons déjà commencé en invitant nos amis de Mbour Joelle et Bassirou, puis nous nous apprêtons à recevoir, comme je vous le disais plus tôt, un couple de jeunes français venant découvrir nos activités et notre mode de vie en brousse pour 1 semaine. D’ici la fin du mois, nous accueillerons également 3 invités surprises qui arriveront via la route après un long rallye « Le Creusot-Tambacounda »… mais je ne vous en dis pas plus pour le moment !
Nouveaux aménagements de la maison : le bloc évier et le coin solaire
Voilà en gros et bien résumé ce qui se passa pour moi à Kourientine. Un an et quelques mois après y avoir emménagé, je ne regrette évidemment rien et savoure tous les jours les petits plaisirs de la vie en brousse. Le ciel étoilé, la vue sur le fleuve, les palmiers, les papayes fraîchement cueillies, mon mari attentionné, les petits plats de ses 2 autres femmes, les facéties de ses plus jeunes enfants… Certes, tout n’est pas simple, le temps passe vite et on peut se fixer des objectifs un peu trop ambitieux au risque de retrouver le stress de la vie occidentale… mais comme mon amie anglais Taby me dit : « Au moins ici, tu as le soleil ! ».
Et je dirai même plus : « Du soleil et des des papayes ! »
Sur ce, très bonne année à vous tous !!!!
PS : je remercie évidemment tous mes fidèles lecteurs pour leurs petits mots encourageants, tous mes parrains et marraines pour leur appui permanent, et tous les nouveaux venus sur ce blog qui enrichissent mon réseau cosmopolite 😉