L’huile de Moringa et le secret de la presse Piteba
Publié le 28 Juin 2018
Au mois d’Avril, les moringa plantés l’année dernière ployaient sous le poids d’un nombre incalculable de gousses marron bien sèches. Au grand désespoir des femmes de la famille, j’avais refusé de couper les feuilles pendant tout la saison sèche afin de m’assurer la production maximale de graines en vue d’en faire de l’huile. Mais ça les femmes ne le savaient pas, et pour elle je ne faisais que gâcher toute cette belle verdure pour sauce à couscous. Bon, elles ne savaient pas non plus que je coupais secrètement des feuilles pour mes propres besoins et pour faire des tests de poudre de feuilles (promis un article viendra à ce sujet). Etant donné qu’il faut récolter toutes les feuilles de 2 à 3 pieds de moringa pour faire un seul diner pour les 100 personnes de la famille, vous comprendrez que je sois plutôt réticente à laisser les femmes sans surveillance dans mon jardin !
Bref, contre vents et marées, j’avais réussi à collecter 7kg de graines que j’avais soigneusement nettoyées et stockées dans des seaux en attendant le mois de Ramadan. Je m’étais dit que la transformation en huile occuperait intelligemment les après-midis caniculaires du mois de mai. Et effectivement, cela m’a bien occupé ! Plus que je ne pensais, car il m’en aura fallu du temps et de la patience pour produire cette huile dont on dit le plus grand bien et qui se vend à prix d’or sur le Net. Si au début je m’étais offusquée de ces prix exorbitants, ils me parurent finalement honnêtes, compte tenu des nombreuses heures de moulinage en jeunant à une température ambiante de 40 degrés !
Mais avant cela, le premier obstacle pour moi fut de réussir à utiliser correctement ma Presse Piteba avec les graines de Moringa. J’utilisais déjà cette merveilleuse petite presse manuelle depuis plusieurs années pour faire mon huile de coco maison sans aucun problème (article ici). Malheureusement, tous les essais que j’avais fait avec d’autres graines avaient lamentablement échoué : soit la presse bloquait, soit les graines restaient en bouillies à l’intérieur. Pourtant la presse Piteba peut broyer toutes les graines ayant plus de 25% d’huile, et celles de Moringa en contiennent 40% ! Face à ces problèmes, le fabricant me répondit qu’il s’agissait surement d’un problème d’humidité des graines et il me donna très gentiment des conseils pour le résoudre... conseils que je n’avais pas encore eu le temps de mettre en œuvre. Le moment était donc venu. Heureusement, le miracle opéra et une huile dorée sortit enfin de ma petite presse !
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The original hand oil expeller press from Holland, Make cold pressed oil at home. - PITEBA
Piteba oil expeller press: make pure cold pressed oil from seeds and nuts. Walnut, lin seed, sunflower seed, argan, almond, olives, palm fruit, peanuts, cocnut
Je vous décris donc dans cet article les différentes étapes que j’ai suivi pour obtenir l’huile de moringa pressée à froid avec la presse Piteba, et les petits secrets pour faire fonctionner cette dernière. Mais avant tout, un petit peu de botanique, qu’est-ce donc que ce fameux Moringa dont tout le monde parle tant ?
Le Moringa oleifera
Il s’agit d’un petit arbre originaire d’une large zone allant de l’Inde à l’Arabie, mais aujourd’hui répandu dans toute la zone tropicale. Sa plantation est encouragée depuis quelques années, car il est très résistant à la sécheresse, grandit très vite et produit beaucoup. Beaucoup de quoi ? De feuilles hyper protéinées-minéralisée-vitaminées, des fleurs et écorces médicinales, des graines riches en huile comestible et permettant de purifier l’eau potable. Oui Madame, tout ça avec un seul arbre qui n’a même pas besoin d’être arrosé, et qui repousse inlassablement malgré les coupes successives. A tel point qu’on lui a donné le nom de « Nebeday » qui d’après la légende serait une déformation de l’anglais « Never dies » (ne meurt jamais).
On le plante souvent en bordure de jardin car il prend peu de place et pousse tout en hauteur. Il faut cependant se méfier car ses longues branches sont sensibles au vent. Il fleurit un peu toute l’année en fonction des coupes, mais le maximum de fleurs s’observe en Novembre-Décembre. Au passage, les fleurs sont bien mellifères et les abeilles s’en délectent. Les gousses mettent alors plusieurs mois à se former et sont prêtes en fin de saison sèche (mars à mai chez moi). Elles peuvent faire plus de 30cm de long. Je coupe (enfin Moussa coupe parce qu’à la machette ce n’est pas facile) les branches en même temps que la récole des graines, ce qui permet au Moringa de rester à une hauteur gérable pour la récolte, tout en stimulant sa repousse pour l’hivernage à venir.
Feuilles, fleurs et gousses
La collecte des graines
Il est important de cueillir les graines à maturité, c’est-à-dire lorsque les gousses sont de couleur marron et qu’elles commencent à s’ouvrir. Les graines sont alors bien grosses et bien noires et elles se détachent facilement de la gousse. Si vous coupez les gousses vertes et que vous les laisser sécher après, vous obtiendrez des graines blanches qui seront, j’imagine, moins riches. Par contre, si quelques gousses à moitié marron tombent par mégarde, vous pouvez les faire sécher et vous obtiendrez des graines plus ou moins noires que vous pourrez tout de même utiliser. Il faut donc bien calculer le temps de récolte, ni trop tôt ni trop tard, sinon les gousses s’ouvriront et les graines s’envoleront !
Pour ma part, j’aime récolter les gousses au fur et mesure qu’elles viennent à maturité, afin d’avoir le temps de les écosser, de nettoyer les graines et de les ranger dans des seaux. Car c’est TRES volumineux et on se laisse vite déborder par des bassines de gousses dans tous les coins de la maison !
Les graines noires sont ailées, c’est-à-dire entourée d’une membrane blanche qui leur permet d’être disséminée par le vent. Les plus grosses font environ 1cm de diamètre (sans les ailes).
Le vannage des graines
Les graines, entourées de leurs ailes blanches, sont très volumineuses. Pour économiser de la place et des seaux de stockage, je procède donc à un petit nettoyage. Je place les graines dans une grande bassine plate, et je les roule entre mes mains. Les ailes s’émietteront facilement si les graines sont bien sèches (si ce n’est pas le cas, laissez sécher quelques jours à l’ombre). Il suffit ensuite de vanner les graines, en les faisant sauter dans la bassine : les résidus légers s’envoleront au vent tandis que les graines resteront dans la bassine (enfin normalement, faut quand même chopper le coup de main !). Vos graines seront alors beaucoup plus faciles à stocker. De plus, elles seront toutes prêtes pour passer à la presse, car il serait bien inutile de presser les ailes… le rendement en serait surement diminué.
Cette étape est donc selon moi essentielle et ne prend pas beaucoup de temps.
Le décorticage des graines
Une étape possible supplémentaire est le décorticage des graines. D’après les conseils d’utilisation de la presse Piteba, le Moringa se presse non décortiqué. Mais il me semblait que laisser le tégument diminuerait beaucoup le rendement, alors j’ai décidé de décortiquer une partie de mes graines pour faire la comparaison.
Pour cela, il suffit de se munir d’une petite pince et de casser les graines une à une. L’opération est très simple et ne demande aucun effort : qu’on prenne les graines dans un sens ou dans l’autre, le tégument noir se fend très facilement. Il faut cependant être délicat au risque de broyer complètement la graine, une simple petite pression suffit. Par contre, cette opération demande un temps considérable ! Plusieurs heures de patience pour décortiquer ne serait-ce qu’un kilo de graines !
La graine nue est blanche et un peu velue, marqué par 3 segments comme une noix de coco. Elle est bien ferme mais si on la croque, elle devient tout de suite très molle en bouche. Certains consomment les graines telles quelles, en ventant ses vertus purifiantes et énergisantes. Elle a un goût très amer, mais à la particularité d’avoir un arrière-goût sucré : si vous buvez de l’eau ensuite, vous aurez l’impression de boire sucré pendant longtemps !
Décorticage des graines.
L’ajustement du degré d’humidité
Nous en venons donc au point crucial qui vous permettra d’utiliser la presse Piteba facilement. Au début je n’y croyais pas, tant la différence semble minime. Mais au contraire, elle change tout ! Le secret est de presser des graines ayant un degré d’humidité de très exactement 10% (c’est-à-dire contenant 10% d’eau et 90% de matière sèche).
Si vos graines sont trop sèches, la presse commencera à grincer d’une manière insupportable puis bloquera dans d’atroces souffrances. Vous n’aurez plus qu’à tout démonter en espérant que vous n’ayez pas endommagé la vis et les rondelles, qui se creuseront si vous forcez le pressage en ignorant les grincements métalliques.
Si à l’inverse vos graines sont trop humides, alors les graines formeront une bouillie dans la presse, l’huile ne sortira pas, le tourteau ne sortira pas, et tout bloquera aussi rapidement, en vous épargnant toutefois les grincements désagréables.
Mais comment faire pour connaître le degré d’humidité de ses graines, et que faire pour le modifier ? La solution est très simple et marche très bien. Regardez plutôt les conseils du fabricant de la presse Piteba.
1) Pesez 100 grammes de graines ou de noix.
2) Séchez-les à 100-105°C pendant 90 minutes dans un four. Les noix sèchent mieux si elles sont broyées ou moulues. L’eau s’évapore et il restera un produit sec.
3) Après le séchage, pesez les graines ou les noix. Notez le poids.
4) Mettez vos graines (sauf l'echantillon qui a seché au four) dans un sac hermetique et ajoutez l'eau selon la règle suivante :
Si vos graines pèsent 98g, ajoutez 80ml d'eau par kg de graines.
Si vos graines pèsent 97g, ajpitez 70ml d'eau par kg de graines.
Pour 96g ajoutez 60ml d'eau, pour 95g ajoutez 50ml, etc...
Mais si vos graines pèsent moins de 90g, elles sont trop humides et vous devez les faire sécher à nouveau.
5) melangez bien et attendez 48h avant de presser.
Après avoir fait le test du four, je me suis rendue compte que mes graines ne contenaient que 3% d’eau (Elles pesaient 97g à la fin de l’expérience) ! Pas étonnant vu les conditions climatiques sénégalaises en pleine saison sèche. Il me fallait donc ajouter 70g d’eau pour 1 kg de graines, mettre tout cela dans un seau hermétique, bien secouer et attendre 48h. 2 jours plus tard, je sortis les graines du seau et je pus constater qu’elles étaient devenues plus tendres : une petite pression sur le tégument formait alors une légère dépression, comme le montre la photo ci-dessous.
J'ai donc préparé de cette façon 1kg de graines non décortiquées, et 1kg de graines décortiquées, afin de comparer le pressage et voir si l’étape de décortication était utile ou si ce n’était qu’une simple perte de temps.
Petit test facile : a 10% d'humidité, la coque de la graine de moringa s'assouplit un peu et il se forme une légère cavité en appuyant sur certaines parties.
Le pressage
Enfin nous y voilà ! Mes graines étaient au bon taux d’humidité, ma presse bien installée (voir mon article de présentation de la presse ici), le test pouvait commencer. Je mis quelques graines dans la presse, tournai la manivelle avec angoisse… mais là, oh miracle, après quelques minutes, quelques gouttes d’huile s’écoulèrent et le tourteau sortit sans problème !
Je décidai donc de faire varier certains paramètres afin de trouver la meilleure configuration permettant de presser facilement tout en ayant un bon rendement. Je préparai donc plusieurs lots de 1kg pour presser de différentes façons :
- 500g de graines non décortiquées sans le bouchon final
- 500g de graines non décortiquées avec le bouchon final
- 500g de graines décortiquées (soit 390g sans le tégument, pour comparer ce qui est comparable) sans le bouchon final
- 500g de graines décortiquées (idem) avec le bouchon final
Les conclusions de ces tests sont les suivants :
- Le bouchon terminal ne bloque pas la sortie du tourteau, qui forme alors de longs spaghettis. J’ai obtenu la même quantité d’huile avec et sans le bouchon.
- Les graines décortiquées ont donné plus d’huile (12g en plus, soit environ 17% supplémentaire).
- Les graines décortiquées ont été plus rapide à presser : 20 min contre 40min pour les graines non décortiquées, soit 2 fois plus vite.
- La fente d’écoulement de l’huile se bouchait beaucoup plus vite avec les graines décortiquées, et il fallait constamment la déboucher avec la pointe d’un couteau.
- L’huile des graines décortiquées est sortie plus trouble et plus sombre que celles des graines non décortiquées, surement parce que la pression réalisée était plus forte.
- A la fin du pressage, la presse était beaucoup plus difficile à nettoyer avec les graines décortiquées, dont la pulpe restante était collée sur l’ensemble des éléments de la presse.
J’ai donc opté pour le pressage des graines non décortiquées, car le pressage était beaucoup plus facile et agréable avec les graines ayant conservé leur tégument, et l’huile plus propre. Certes, le rendement était un peu inférieur et le travail de pressage plus long, mais la séance de décorticage était tellement plus longue encore que l’un dans l’autre, cela ne servait à rien de faire cet effort préalable. De plus, on peut valoriser le tourteau autrement, et même s’il conserve un peu d’huile, cela n’est pas perdu (les moutons ont adoré en tout cas !).
Quelques autres précisions :
- Dans tous les cas, j’ai allumé le brûleur au début afin de chauffer la presse, puis je l’ai éteint afin de ne pas trop échauffer l’huile
- A la fin de chaque lot, j’ai dû démonter la presse pour la nettoyer à l’eau chaude et retirer tous les morceaux collés.
- J’ai dû déboucher la fente fréquemment avec un petit couteau, afin de ne pas perdre de l’huile avec le tourteau.
- L’huile commence à couler par le bouchon, mais au bout de quelques minutes elle sort bien par la fente. L’huile s’écoule relativement lentement.
Au final, j’ai mouliné mes 7kg d’huile pour obtenir 1kg tout juste (soit 1,1L) d’huile filtrée et mise en bouteille. Soit un rendement moyen de 16%. C’est-à-dire que j’ai récupéré 160g d’huile par kilo de graines pressées. Certains lots ont eu un rendement de 13% et d’autres de 20%... je ne sais pas ce qui a joué, peut-être la qualité des graines ou bien ma façon de mouliner. En tout cas, le fabricant indique que l’on peut tirer en moyenne 200ml d’huile par kilo de graines. Mon rendement est inférieur, mais j’ai perdu quelques grammes dans l’opération de filtration et de transvasement. Il faudra donc que j’améliore ma technique, mais je suis déjà très contente d’avoir pu obtenir ce résultat.
Petite vérification de la température, autour de 40 degré, on est toujours bon pour la qualité « Pressage à froid ».
La filtration
L’huile obtenue par pressage est trouble et demande un temps de décantation (24h minimum) afin de laisser les petites particules tomber au fond. J’ai ensuite préféré filtrer mon huile à l’aide d’un filtre à café classique afin de m’assurer d’avoir une huile d’une qualité irréprochable, car certaines petites saletés restaient à la surface.
Utilisation de l’huile de Moringa
D’après mes lectures diverses sur le net (on trouve de très nombreux articles sur l’huile de Moringa) cette huile est utilisée depuis longtemps et dans différents domaines.
ALIMENTATION : Il s’agit d’une huile comestible qui a la particularité d’être très stable à haute température, ce qui en fait une très bonne huile de friture… mais enfin vu les efforts qu’il faut fournir pour l’avoir, ce serait du gâchis ! Par contre, on peut la consommer crue en salade par exemple, afin de bénéficier de ces nombreuses vertus (Vitamine E, anti-oxydants…). Elle serait notamment très bonne pour le foie en réduisant son niveau de toxicité.
COSMETIQUE : Cette huile est très adoucissante et hydratante, elle est vite absorbée par la peau. On peut donc l’utiliser pour fabriquer des baumes et crèmes hydratantes et même des savons. De part sa richesse en anti-oxydants, elle prévient le vieillissement de la peau. Elle constitue donc une huile de massage de choix, même pure. Elle revitalise aussi les cheveux en les rendant forts et brillants et en luttant contre les pellicules.
MEDICINALE : Ses propriétés désinfectantes permettent de soulager les brûlures et autres infections de la peau (eczéma notamment). Elle peut être utilisée pour traiter de petites plaies, des ecchymoses, et pour réduire des cicatrices. Elle réduit également l’inflammation des gencives.
PARFUMS : Elle constitue une très bonne base pour les parfums car elle a une très bonne capacité à retenir les odeurs, et n’a pas d’odeur propre. On peut alors créer des parfums en ajoutant quelques huiles essentielles.
AUTRES : Pendant longtemps elle fut utilisée comme lubrifiant pour les montres. Bon, là le débouché me semble plus limité. Quoique, avec mes relations suisses, je trouverai peut-être des clients chez les horlogers vaudois. De toute façon, elle a depuis été remplacée par d’autres huiles moins couteuses, cela se comprend !
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est donc différente de Dans un article précédent, je vous présentais la presse à huile Piteba et un premier essai de pressage du lait de coco. Aujourd'hui, après plusieurs semaines de tests, ...
http://1ruche3pintades.over-blog.com/2016/03/presse-piteba-test-n-2-l-huile-de-coprah.html
Je vous laisse jeter un oeil au site Lors de mon passage en France cet été, j'en ai profité pour rapporter ma toute nouvelle presse PITEBA, que j'avais commandée depuis quelques temps et qui ...
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