Comment faire... de la poudre de moringa
Publié le 25 Février 2019
Le Moringa oleifera est un arbre originaire d’Inde et qui est aujourd’hui planté dans une grande partie du monde, y compris en Afrique sahélienne où il se développe remarquablement bien. Cet arbre qui ne paye pas de mine est devenu très prisé dès lors que l’on a fait la lumière sur sa richesse médicinale et nutritionnelle. On ne compte plus les sites internet qui vantent les mérites de cette plante et la vendent sous toute ses formes : feuilles, poudre, fleurs, graines, huile végétale, sans compter tous les mélanges possibles et imaginables avec d’autres plantes complémentaires… bref, de quoi faire passer notre Moringa au statut enviable de SUPERALIMENT, riche en protéines (1/4 du poids), en vitamines A, C et E, et en minéraux (potassium, calcium, magnésium et fer notamment).
Je ne conteste pas ce statut bien mérité, car j’ai moi-même constaté ses bienfaits, et entendu moultes témoignages de villageois vanter son efficacité. Ici, on utilise généralement la tisane de feuille pour toutes sortes de maux (hypertension, maux de ventre…), on croque les graines pour se sentir plus en forme, et on utilise même les racines dans des préparations traditionnelles dont je serais bien en peine de vous en expliquer à quoi elles servent. Toujours est-il que ma haie de Moringa plantée tout autour de la maison est très prisée et nombreuses sont les personnes qui viennent me demander d’opérer un tout petit prélèvement… qui se transforme souvent en une bassine pleine !
De mon côté, je consomme fréquemment quelques feuilles crues en salade, et j’utilise constamment l’huile de Moringa (que je fabrique moi-même, voyez l’article ici) pour traiter l’eczéma et aider à cicatriser les blessures. Mais aujourd’hui, je voulais vous parler d’une autre façon de consommer le Moringa et vous apprendre à faire de la poudre de feuilles séchées. Depuis que j’ai commencé à préparer le Moringa de cette manière, je l’utilise à toutes les sauces (c’est le cas de le dire) et j’en consomme beaucoup plus que les quelques feuilles amères glissées dans mes salades.
Alors comment fait-on ?
La sélection et la récolte des feuilles
Pour une bonne qualité de la poudre, il est évident qu’il faut choisir les feuilles de meilleure qualité. Les critères sont simples : de belles feuilles vert foncé, sans trace de maladie ni de parasite (ce qui est rare de toute manière). Il est aussi possible de prendre les feuilles plus jeunes et plus claires, mais je préfère attendre que ces dernières grandissent pour donner plus de poudre. Si les feuilles sont vieilles, elles commencent à perdre leur couleur verte. Les folioles deviennent jaunes une à une et tombent. Ces feuilles sont bien sûr à éviter car elles ont alors perdu leur richesse (en pigments et vitamines).
Pour cueillir les feuilles, il suffit de les prendre à la base du pétiole, donc près de la tige, et de les casser en tirant vers le bas. Nul besoin de sécateur. Bien que la plupart des tiges soient suffisamment souples pour être ployées, un escabeau est toutefois le bienvenu.
Le lavage et le séchage.
La meilleure période chez moi pour récolter et faire sécher le moringa est la saison sèche, de décembre à février. Or il s’agit aussi d’une période de grand vent et de poussière… une étape indispensable est un lavage rapide en trempant les feuilles dans une bassine d’eau claire. Il suffit juste de les mettre dans l’eau et de les ressortir aussitôt. Il faut ensuite les secouer délicatement pour enlever le surplus d’eau, et les déposer dans une bassine propre. Les feuilles humides garderont leur fraîcheur le temps de finir le travail. Ne laissez pas les feuilles dans l’eau pendant longtemps, au risque de perdre une partie de leurs nutriments.
Rassemblez ensuite une bonne vingtaine de feuilles et attachez-les à l’aide d’une ficelle, en prenant soin de laisser dépasser un grand morceau de ficelle. Serrez bien (avec un nœud coulant par exemple), car en séchant les tiges réduisent de volume et vous pourriez bien en trouver quelques-unes au sol !
Accrochez-les à une corde tendue dans un endroit ombragé et où l’air circule bien. Quelques jours suffisent pour sécher les feuilles, mais il faut bien sûr adapter en fonction du climat. Pour moi 3 jours seront amplement suffisants. Vous constaterez alors que les feuilles sont devenus très fragiles au toucher et s’effritent facilement.
Faire tremper rapidement les feuilles dans une grande bassine d’eau propre permet de retirer la poussière… et les petites araignées qui aiment s’y cacher !
Une fois lavées et légèrement secouées, les feuilles sont regroupées en fagots et attachées avec une ficelle.
Les fagots sont ensuite accrochés dans un endroit protégé du soleil et ayant une bonne circulation d’air.
Les feuilles séchées sont plus ternes, enroulées sur elles-mêmes, et elles s’effritent lorsqu’on les pince.
Le matériel
Il n’y a rien de bien compliqué pour cette étape, si ce n’est de disposer d’un peu temps. En effet, réduire les feuilles en poudre ne nécessite que peu de matériel, mais beaucoup de patience ! Il vous faudra donc :
1 mortier et son pilon (idéalement en bois)
1 tamis à maille de 1mm (idéalement en grillage inox)
1 tamis à maille de 0,5mm environ (soit un tissu à maille fine)
2 grandes bassines plates
1 masque (pour éviter de respirer trop de poudre)
La fabrication de la poudre
1) Détachez les fagots bien secs (délicatement pour ne pas perdre de feuilles) et déposez-les dans une bassine
2) Retirez les pétioles et pinnules (si si, cela existe), c’est-à-dire ce qui ressemble à de petites tiges aux quelles sont attachées les folioles et foliolules (non non, je n’invente rien).
3) Transvasez les feuilles dans un mortier, en plusieurs fois selon la quantité de feuilles à traiter. Pilez gentiment, les feuilles s’écraseront facilement et rapidement.
4) Transvasez les feuilles pilées grossièrement dans le plus gros tamis (maille 1mm) et… tamisez ! Il vous restera beaucoup de feuilles dans le tamis, qu’il vous faudra repiler et retamisez évidemment. Au bout de plusieurs passages, il ne vous restera que des morceaux de pinnules dans le tamis, qu’il vous suffira de jeter (au compost ou au pied de vos plantes).
5) Versez ensuite vos feuilles pilées dans le 2e tamis (0,5mm) et tamisez. Là encore vous aurez à repiler et retamiser plusieurs fois jusqu’à ce toutes les feuilles soient passées et qu’il ne vous reste que les tous petits morceaux de pinnules dans le tamis.
L’opération totale prend donc plusieurs heures, en fonction de la quantité de feuilles à piler bien sûr. Mais pourquoi se donner autant de mal vous direz-vous, pourquoi ne pas s’arrêter tout simplement au premier tamisage ? Eh bien parce qu’une fois réduit en poudre fine, le moringa devient extrêmement simple d’utilisation et beaucoup agréable au goût.
Le conditionnement
Pour garder toute la richesse de votre poudre, il convient de l’emballer convenablement. Tout d’abord il faut évidemment la conserver à l’abri de l’humidité. Un simple pot en verre, une boîte hermétique, ou un sachet zippé… peu importe du moment que le contenant est bien fermé. Mais il faudra aussi protéger votre poudre de la lumière car le Moringa perd de sa richesse lorsqu’il est exposé aux UV. Préférez donc un pot ambré, une boîte opaque… ou bien conserver votre pot en verre au fond du placard !
Pour la vente, j’ai choisi un double emballage : un sachet plastique en PEHD (à thermosouder), et une enveloppe kraft pour protéger de la lumière. C’est un bon compromis écologique et économique, solide et léger, facile à emporter !
L’utilisation de la poudre de Moringa
La poudre de moringa se consomme crue, directement incorporée dans vos jus ou smoothies, ou saupoudrée sur vos plats. Bien entendu, il ne faut pas la chauffer pour ne pas perdre sa richesse ! Son goût épicé, proche du cresson, relève agréablement les salades. Elle se marie très bien avec la poudre de baobab dans toutes vos préparations sucrées.
On utilise aussi la poudre de moringa en cosmétique. Je l’ai par exemple utilisée dans un petit savon extra doux, ce qui lui donna une jolie couleur verte au début, mais qui vira au vert kaki après la cure.
La recette de la glace Banane-Moringa
Pour 2 personnes
Pour 1 bol de 500ml
450g de bananes en rondelles
50ml de jus d’orange
30 à 35g de miel
1 cuiller à café bombée de poudre de baobab
1 cuiller à café bombée de poudre de moringa
Mixez, versez dans deux verres de 250ml, et mettez quelques heures au congélateur. C’est prêt !