Kourientine en Bretagne et vice versa
Publié le 25 Juin 2019
Une Bourguignonne exilée au fin fond du Sénégal… mais que vient donc faire la Bretagne dans cette histoire ? On pourrait se dire que Kourientine est un peu comme le Finistère : quand on y va, on a vraiment l’impression d’aller au bout du bout du pays, jusqu’à ce que l’eau nous stoppe dans notre élan. Mais la comparaison s’arrête a priori ici, surtout s’il on compare le climat breton à celui de la région de Tamba… Je me demande si la température nocturne minimale de Kourientine en plein hiver descend en dessous des maximales estivales bretonnes. Ah… je suis mauvaise langue, c’est vrai que vous aussi vous avez la canicule de temps en temps !
Non, si la Bretagne est rentrée à Kourientine, c’est plus subtilement, par la petite porte. Ou plus exactement par mon portail bleu. Un bleu comme ceux de mes souvenirs de vacances à Belle-île en mer, où nous passions de bons moments en mode « camping-vélo-crêpe-kouign aman ». Une couleur bien originale au Sénégal, qui me plaisait aussi parce je savais qu’aucune autre maison n’aurait le même portail que moi. Certains sénégalais ne manquèrent pas d’afficher une réelle surprise devant cette originalité, qui dut être prise pour une faute de goût. Pour une fois que ce n’était pas moi qui me moquais du kitch des intérieurs sénégalais, je pris la remarque avec humour. On me fit même remarquer que ce bleu n’était assorti à rien. J’aurai voulu répondre qu’ils oubliaient le ciel, mais peut-être étaient-il trop habitué au beau temps.
Puis un beau jour, suite à une série de voyages et de rencontres, ma mère Myriam et mon beau-père Pierre décidèrent de déménager en Bretagne. L’année dernière, ils quittèrent donc la grande maison bourguignonne aux volets rouges pour une petite maison aux volets bleus, dans la commune de Porspoder, dans le Finistère. Face à l’île de Ouessant, le bout du bout.
Puis la Bretagne vint à moi, l’air de rien. Par quelques visiteurs passant à l’improviste, puis par le grand groupe de bretons de l’association « Solidarité Dar El Salam », association venant en aide au village du même nom près de Tambacounda. Ils repartirent en me laissant une montagne de semences maraichères, des autocollants et quelques kouign aman… il n’en fallait pas plus pour nous marabouter !
Ce fut ensuite ma maman et Pierre qui nous rejoignirent à Kourientine pour leur séjour sénégalais habituel. Ils arrivèrent avec un autre gri-gri au gluten très puissant : les crêpes de Michelle, leur voisine. Puis ils invitèrent des amis bretons, des habitués du Sénégal : Patrick, Louisette, Laurence et Michel. Sans oublier le paquet de crêpes. Depuis lors, Moussa ne parle plus que de gâteaux bretons, il regarde même les tutos « comment faire un kouign aman » sur Youtube !
C’est pendant leur séjour au village que naquit un nouveau projet : créer une association d’aide au village de Kourientine, afin de canaliser les appuis des uns et des autres et réaliser de plus grands projets au bénéfice de tous les villageois. De retour en France, Myriam et Pierre travaillèrent sans relâche pour préparer un film de présentation du village et l’assemblée générale constitutive de l’association prévue au 15 juin 2019. C’est donc pour cette grande occasion que je revins en France pour un court séjour breton.
« Nawari» signifie en sarakolé « Merci ».Il s’agit d’un double remerciement, adressé d’une part par les villageois aux adhérents de l’association pour s’intéresser à eux, et adressé d’autre part par les membres de l’association aux villageois de Kourientine pour leur faire vivre des moments inoubliables
Après 1 semaine d’acclimatation au températures locales particulièrement fraîches (pas de bol, 2 semaines avant la canicule annoncée), nos premiers invités arrivèrent pour nous aider à préparer ce grand événement. Près d’une trentaine de personnes avait répondue présente : des personnes connaissant Kourientine ou non, mais ayant toutes un lien particulier avec le Sénégal, soit par mon intermédiaire soit par leur vécu.
C’est donc avec joie que je retrouvai famille et amis, dont certains venus de loin pour l’occasion. Citons entre autres Isabelle (qui m’avait apporté le distillateur à huiles essentielles) et son amie Maude qui firent le chemin depuis la Belgique. Philippe (qui était venu découvrir Kourientine en février dernier) et sa femme Maguy depuis l’île de Ré. Jean-Marie (qui était venu donner quelques conseils de jardinier avant même mon installation au village) et sa femme Michelle depuis le Limousin. Cathy (qui m’avait suivie dans le Boundou dans un projet de coopération avec le PNR de Millevaches) et son ami Didier depuis le Limiousin. Sans oublier 4 membres de l’Association Solidarité Dar El Salam (Maryvonne, Robert, Martine et René) depuis Plougonven.
Depuis le port de Porspoder. De haut en bas et de gauche à droite : Jean-Marie, Robert, Martine, Maryvonne, Philippe, moi et Michelle.
Ce fut aussi l’occasion de faire connaissance avec d’autres bretons de souche. Comme M. Robin, Maire de Porspoder, qui vécut quelques années à Dakar et qui nous fit l’honneur de participer à l’assemblée générale, ainsi que son adjointe Josiane. Hervé Quemener, écrivain et passionné du Sénégal ainsi que son épouse Edmonde. Tiphaine, sSavonnière à Porspoder connue sous le nom de « Route Mandarine ». Sans oublier nos voisins Gérard et sa femme Michelle… qui nous fit ses fameuses crêpes pour le buffet, arrosées du miel de Kourientine !
Et puis il y avait ceux qui auraient voulu venir mais qui n’avaient pas pu être là le jour J et qui nous accompagnèrent en pensée : Chris, Béa, Régine, Marie-Claire et André, Patrick, Monique, Geneviève et Dominique, Jean-Louis, Louisette, Michel et Laurence, Jean-Guy et Annie, Julien, Marie-Clémence, Laetitia, Gabrielle, Joëlle et Bassirou, Marie-France et Dominique, Norbert et Pascale, Patrice, Raymond… et beaucoup d’autres encore, je ne saurai citer tout le monde !
Assemblée Générale constitutive de l’association Nawari Kourientine, à l'espace Herri Léon de Porspoder, suivi d’un repas chez Myriam et Pierre.
Lorsque le temps le permis, j’en profitai pour découvrir la côte bretonne, et je pus constater que la Bretagne et Kourientine avaient plus de points communs qu’il n’y parait à première vue…
A mon retour au village, vous pensez bien que j’étais pressée de raconter mon séjour à Moussa, Djambala, Néné et compagnie, et de leur expliquer la création de l’assocation. C’est ce que je fis dimanche dernier en leur projetant le film de Pierre et le power point de maman. Une petite réunion entre « notables du village » qui fut très appréciée. Comme toujours, Djambala conclut la réunion par de sages paroles, en remerciant tous les membres de Nawari Kourientine. C’est la première fois que le village « gagne » une telle association et ils feront tout pour être à la hauteur. J’eus droit comme de coutume à mon petit lot de compliments (cela va commencer à devenir gênant !) mais c’est le protocole local qui veut ça.
L’imam Sow rajouta, non sans humour, que dans la vie, il n’y a que 2 personnes que tu te dois d’accueillir chez toi. La première est le toubab (« homme blanc ») qui vient avec une expérience que tu n’as pas et qui peut t’apporter beaucoup. Le deuxième est le Peul, qui vient avec son troupeau de vaches et qui fertilise ton champ ! Vous l’aurez deviné, l’imam est un Peul et c’est un « Sai-Sai » (farceur) !
Plus sérieusement, je leur expliquai que l’association ne viendrai pas « parachuter » projets et matériels sans contrepartie de leur part et sans un engagement sérieux quant à la préservation de l’environnement. Ils répondirent que cela allait de soi, et que s’ils faisaient mal aujourd’hui, ce n’était que par manque de connaissance et de moyens. En tout cas, j’ai enregistré leurs paroles, ils devront donc la respecter !
Agapanthe, plante d’origine sud-africaine qui se trouve devant toutes les maisons bretonnes. J’ai en repiqué une petite botte devant la case du fleuve, nous verrons si elle tient !
Vous pensez bien que je vous donnerai plus de nouvelles sur les futures activités de l’association dès que toute la paperasse administrative sera traitée. Pour tous ceux qui aimeraient en faire partie et nous accompagner, patience, cela ne devrait pas tarder.
En attendant, un merci particulier à ma famille et amis proches qui me suivent toujours dans cette folle aventure sénégalaise depuis si longtemps.
Myriam et Pierre
Bernard
Cyrille
Corinne et Jean-Yves
Phiphi et Béa